Les vacances n’ont pas estompé leur colère. Les dentistes se mobilisent de nouveau contre la nouvelle convention tarifaire, décidée sous l’ère Hollande. La « Cellule de Coordination des Dentistes Libéraux », qui rassemble 15 600 chirurgiens-dentistes dans 78 départements, appelle les professionnels à une manifestation le 14 septembre devant les Caisses d'Assurance Maladie. Il s’agit à travers ce mouvement de faire pression sur le nouveau gouvernement.
Les dentistes protestent contre la grille de nouveaux tarifs, qui prévoit un plafonnement du prix des prothèses. En contrepartie, les soins courants seront réévalués à la hausse. A partir du 1er janvier 2018, le prix d’une couronne céramo-métallique ne pourra ainsi plus dépasser 550 euros, et un soin pour une carie coûtera 67 euros au lieu de 41 actuellement. Des tarifs qui seront évalués à nouveau en 2020.
La convention reportée d'un an
L’évolution est censée renforcer l’accès aux prothèses dentaires pour les patients qui y renoncent faute de budget en baissant leur reste à charge. Les autorités ont aussi souhaité donner un coup de pouce à la prévention en incitant les praticiens à réaliser les soins de base.
Mais les dentistes ne l’entendent pas ainsi. Ils dénoncent un nivellement par le bas de la qualité des prestations : en plafonnant les prix, l’Assurance maladie les inciterait à utiliser des produits de moins bonne qualité. Ils signalent aussi que sans les revenus conséquents liés à la pose de prothèses, ils ne seraient plus capables d’amortir les coûts de leur matériel.
« Agnès Buzyn a tenu à renouer avec nos représentants professionnels un dialogue rompu depuis plus de 5 ans, afin d’instaurer à nouveau un climat de confiance », écrivent les signataires d’un communiqué de la cellule. La ministre a annoncé le report d’un an de l’entrée en vigueur de la nouvelle grille tarifaire (en janvier 2019) et la reprise des négociations conventionnelles au 15 septembre, fait savoir le communiqué.
Des prothèses pour tous en 2022 ?
Le 18 juillet la ministre a transmis une « lettre de cadrage » à Nicolas Revel, directeur général de l’UNCAM (Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie), peut-on encore lire. Elle insiste sur la nécessité de renforcer la prévention en matière de santé bucco-dentaire. Elle évoque également l’engagement d’Emmanuel Macron, qui a promis pendant la campagne présidentielle d’offrir à tous les Français d’ici 2022 un accès à des offres sans aucun reste à charge pour les prothèses dentaires.
« Nous sommes plus réservés sur ce point, écrivent les protestataires. Ce cadeau pour les Français pourrait s’avérer empoisonné s’il sous-entend une augmentation des cotisations d’assurances obligatoires et complémentaires ainsi que des compromis sur la qualité des prothèses ».
Par ailleurs, les dentistes rappellent que les prothèses dentaires sont des thérapies « invasives et mutilantes » qui ne doivent être administrées qu’en dernier recours. Un « paradoxe regrettable pourrait donc naître de ce choix politique : on peut craindre un désastre sanitaire pour nos concitoyens avec l’amplification des actes de prothèse à bas coût (zéro à charge), au détriment des actes de préservation des tissus dentaires ».
Le communiqué s’achève sur un ton menaçant. En l’absence d’accord avec la profession, « nous pourrions envisager différemment le bien-fondé de notre conventionnement avec l’UNCAM ». Non, les vacances n’ont apaisé aucune colère et la rentrée s’annonce houleuse.