L’histoire rapportée par La Voix du Nord est digne d’un film d’horreur. Une fille de 14 ans, Samantha, a été découverte par son père samedi matin, dans sa chambre au rez-de-chaussée de la maison, gisant dans une mare de sang. L’adolescente, polyhandicapée, avait été dévorée par des rats pendant son sommeil.
« Il y avait du sang, partout, explique le père au quotidien. J’ai pensé à un cambriolage qui avait mal tourné. Elle saignait des oreilles, j’ai cru qu’elle avait été victime d’une hémorragie cérébrale. J’ai eu la peur de ma vie. »
Au total, Samantha a 225 plaies sur l’ensemble du corps, d’après une source policière de l’AFP. Le bout de ses doigts a été complètement grignoté. Mais elle est en vie.
Conditions de vie insalubres
Le père a décidé de porter plainte contre le bailleur de la maison et contre la ville de Roubaix, pour « conditions d’hébergement contraires à la dignité humaine », a annoncé le parquet de Lille.
Il dénonce l’insalubrité du quartier, où des poubelles s’amoncellent, attirant ainsi les rats. Il avait pourtant, à plusieurs reprises depuis 2012, signalé les conditions de vie à différents services. « Le service hygiène de la ville est venu à deux reprises. Rien n’a bougé, s’indigne-t-il. Ce n’est pas parce qu’on est au RSA, qu’on vit dans une courée à Roubaix, qu’on doit être traités comme des animaux ».
La fille a la rage
L’adolescente se remet difficilement de ses blessures. Elle a subi une série de vaccins, dont un contre la rage. Ses tests, envoyés à l’Institut Pasteur, sont revenus positifs, d’après son père.
Depuis l’éradication de la rage chez les renards en Europe, les cas de détection du virus sont extrêmement rares. Occasionnellement, des chiens, des chauves-souris, ou d’autres animaux sauvages peuvent être infectés, et une surveillance est mise en place. Les rats peuvent aussi être porteurs.
Chez l’homme, aucun cas n’avait été recensé entre 2001 et 2008. Mais depuis, régulièrement, des Français sont infectés à la suite de morsures d’animaux porteurs, la plupart du temps importés de l’étranger.
Le virus se transmet à l’homme par des griffures, des morsures, ou même un simple léchage sur une zone de peau abîmée ou une muqueuse.
Agir avant les symptômes
Le risque n’est pas anodin. La rage fait encore plusieurs dizaines de milliers de morts par an dans le monde. Elle est causée par un virus présent dans la salive d’animaux.
Le virus affecte le système nerveux. « Après quelques jours à quelques mois d’incubation le plus souvent, l’individu atteint développe un tableau d’encéphalite, explique l’Institut Pasteur. La phase symptomatique débute souvent par une dysphagie (difficulté à avaler) et des troubles neuropsychiatriques variés, notamment l’anxiété et l’agitation. » Une fois les symptômes déclarés, l’issue est, à quelques exceptions rarissimes, toujours fatale, en quelques heures à quelques jours.
En cas d’exposition, le traitement consiste en premier lieu en un nettoyage des plaies. Ensuite, une vaccination est prescrite, éventuellement accompagnée d’une sérothérapie spécifique. Le patient subit 4 à 5 injections en un mois.