Alors que les choses reviennent peu à peu à la normale à Saint-Martin après les très gros dégâts causés par l'ouragan Irma, les autorités sanitaires se mobilisent pour limiter les risques de propagation d'épidémies sur l'île française. Ces dernières se disent néanmoins plus vigilantes qu'inquiètes.
« Oui, il y a des risques d'épidémie », a indiqué la ministre des Outre-mer Annick Girardin. Ces risques évoqués sont majoritairement dus à un manque d'hygiène dans certains quartiers, comme c'est le cas de Quartier-d'Orléans, l'une des zones les plus touchées par l'ouragan.
Selon un récent reportage de France Info, les rues sont jonchées d'ordures depuis plus de dix jours et de nombreux foyers ne bénéficient toujours pas de l'eau courante. « ll y a une problématique existante sur la question de l'eau contaminée, la question des déchets, la question de l'hygiène tout simplement », a par ailleurs souligné Annick Girardin.
Les services de santé transmettent des messages radio à l'attention des habitants de l'île, notamment en faisant de la prévention sur les bonnes pratiques d'hygiène à adopter pour éviter les infections. Ces derniers recommandent par exemple d'utiliser de l'eau minérale en bouteille pour le brossage des dents, la toilette des nourrissons et la cuisine.
Les Saint-Martinois sont également appelés à se laver le plus souvent possible et à éviter les eaux stagnantes, nids des moustiques et autres parasites potentiellement porteurs de virus. Des précautions que les habitants devront prendre jusqu'au retour de l'eau potable au robinet, qui ne devrait pas revenir avant environ une semaine, selon la préfecture de Saint-Martin.
Pas de pic de pathologie pour le moment
Si aucun cas d'épidémie n'a été déclaré sur l'île pour le moment, Saint-Martin doit faire face à un autre problème : la pénurie de médicaments. En effet, sur les 11 officines de l'île, huit ont été détruites par les ouragans et trois pillées.
De nombreux kits de médicaments et de produits de santé ont cependant été envoyés aux Antilles dans l’avion qui a transporté la ministre de la Santé Agnès Buzyn et le président Emmanuel Macron, arrivés sur l'île dans la matinée du mardi 12 septembre.
Par ailleurs, environ un tiers sur les 24 cabinets médicaux que compte l'île a repris les consultations. Les médecins ont été sensibilisés aux risques d'épidémie. « On a fait une réunion dans le cabinet avec les médecins envoyés par le gouvernement et des fiches d'information ont été distribuées pour remonter le type d'épidémie qu'il peut y avoir : choléra, leptospirose, troubles digestifs et autres (...) Pour le moment, il n'y a aucune information qui remonte, il n'y a pas de pic de pathologie », a affirmé à France Info Jean-François Bartoli, président de l'association des médecins de Saint-Martin.
Les renseignements obtenus par les médecins pendant les consultations pour de possibles épidémies sont ensuite transmis à deux épidémiologistes envoyés sur place. Pour l'instant, ces derniers n'ont déclaré que quelques cas de gastro-entérites et deux morsures de rats sans conséquence, rapporte France Info.
Pulvérisations anti-moustique
La possible menace des moustiques porteurs de virus, comme le chikungunya ou la dengue, semble également avoir été prise en compte. Une équipe de quinze personnes supervisée par le responsable santé-environnement à l’Agence régionale de santé (ARS) Didier Roux a été dépêchée sur place afin de pulvériser un produit anti-moustique (inoffensif pour la population) dans les rues de Saint-Martin.
Depuis quelques jours, l’hôpital de Saint-Martin est à nouveau opérationnel, a déclaré Agnès Buzyn au micro de RTL lundi 11 septembre. « La situation de l'hôpital de Saint-Martin, qui a été détruit à 70 %, revient à la normale, il a aujourd'hui une capacité d'hospitaliser 17 personnes », a-t-elle décrit.
Contrairement à ce que certains Saint-Martinois ont annoncé sur les réseaux sociaux en faisant état de "1000 morts', le gouvernement a annoncé "11 ou 12 décès" provoqués par la catastrophe. Ce bilan reste cependant provisoire.