Un bouche-trou ou une manière de revaloriser la profession d’infirmier ? Développé dans de nombreux pays, le transfert de tâches médicales des médecins vers les infirmiers revient en France comme un serpent de mer. Longtemps, la profession médicale s’y est opposée dans un réflexe corporatiste.
Mais aujourd’hui, la pénurie de professionnels dans les déserts médicaux, l’asphyxie des médecins dans les hôpitaux, obligent à rebattre les cartes.
Et le gouvernement d’Edouard Philippe, croit savoir Les Echos, souhaiterait développer ce partage de compétences.
Le patron de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) voudrait, lui, « passer de 45 soignants impliqués dans des protocoles de coopération et de pratique avancée à 500 puis 1 000 d'ici à fin 2019 ». Un objectif qui nécessite un assouplissement législatif, rappelle le quotidien. Le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, vient d’adresser un courrier à la ministre de la Santé pour faire valoir sa demande.
« Déverrouiller le régime des protocoles de coopération », comme le nomme la Fédération hospitalière de France, c’est également pouvoir rémunérer les nouvelles tâches des infirmiers. Or, la loi ne le permet pas aujourd’hui.
Mais surtout, les infirmiers eux-mêmes redoutent que cette délégation de tâches se traduise par une perte de chance pour le patient. « Nous sommes très hostiles au transfert d'actes quand il s'agit d'un simple glissement de tâches, avec une formation théorique de 25 heures sans validation », explique dans les colonnes du journal Thierry Amouroux, président du Syndicat national des professionnels infirmiers, lui-même infirmier à l'AP-HP.
Son organisation défend l’idée de « l’infirmier de pratique avancée » qui donnerait à ce professionnel à l’issue d’un master un véritable statut avec une grille salariale. La loi Touraine de 2016 l’a bien prévu mais les décrets d’application ne sont toujours pas sortis !