Certaines remarques déplacées ou jugements moralisateurs émanant des médecins rebutent les patients. Tel est l’enseignement que l’on peut tirer d’un sondage (1) mené par BVA pour l’entreprise Zava, spécialisée en téléconsultation. L’enquête montre en effet que certains patients ressentent une gêne face à leur médecin et craignent d’être jugés par eux.
Ainsi, plus de trois Français sur quatre déclarent avoir déjà craint ou ressenti le jugement d'un professionnel de santé, que ce soit en raison de leur état de santé, d'un traitement auquel ils tentaient d'accéder ou d'une question qu'ils souhaitaient aborder. Une personne sur dix estime être « souvent confrontée à cette situation ».
Ne pas oser, ne pas consulter...
L’enquête montre que la crainte ou l’expérience d’un jugement peut restreindre l’accès aux soins. Ainsi, près d’un Français sur deux (47 %) a déjà été freiné dans son parcours en raison de sa crainte ou de l’expérience passée d’un jugement de la part du corps médical.
Ne pas oser aborder un sujet de santé avec un professionnel de santé (45 %), repousser sa prise d’un rendez-vous médical (38 %) ou renoncer complètement à une consultation, à des soins ou à un traitement (25 %), sont les trois principales difficultés que peuvent induire cette crainte ou cette expérience du jugement.
Chez les femmes, les 18-34 ans et les personnes ayant déjà consulté pour des sujets intimes (pilule du lendemain, reproduction, dépistage/traitement d'une infection sexuellement transmissible), ce sentiment est encore plus fort que pour l’ensemble de la population puisqu’ils sont respectivement 8 3%, 87 % et 80 % à déclarer avoir déjà craint ou ressenti le jugement d’un professionnel de santé.
"Leçon de morale"
Concrètement, les Français redoutent surtout les remarques désobligeantes, inappropriées ou encore « la leçon de morale ». Ils craignent également que le professionnel ait une fausse opinion d'eux. Loin devant les autres professionnels de santé, le médecin généraliste ou spécialiste, est celui dont les Français craignent le plus le jugement (74 %).
« Malgré notre formation de médecin, il est difficile d'être complètement préparé à l'immense variété des situations dans lesquelles se trouvent nos patients quand ils consultent le médecin en cabinet. Si notre profession nous engage à soigner sans discrimination ni jugement aucun, les médecins gagneraient à être mieux armés sur la manière d'aborder certains sujets », conclut Sophie Albe-Ly, médecin généraliste chez Zava, cité dans un communiqué.
(1) Crainte et expérience du jugement dans l'accès au soin, enquête réalisée par l'institut BVA du 20 au 24 avril 2017 auprès d’un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans ou plus.