Chaque jour, en ouvrant ses cartons de livraison, les pharmaciens se demandent quels médicaments seront manquants. Anticoagulants, anticancéreux, vaccins, 5% des produits commandés quotidiennement sont en rupture de stock. Alors, dans les officines, c'est le système D qui fonctionne. C'est un confrère qui peut dépanner ou parfois le médecin qui est sollicité pour changer sa prescription.
60 % à 80 % des principes actifs sont aujourd'hui fabriqués principalement en Inde et en Chine, contre 20 % il y a trente ans, expliquent les professionnels. Cette mondialisation rend la chaîne du médicament plus fragile. Pour Philippe Liebermann, pharmacien à Strasbourg et membre de l'Académie de pharmacie, cette dépendance pose un réel problème.
Ecoutez Philippe Liebermann, pharmacien à Strasbourg et membre de l'Académie de pharmacie : "Il est tout à fait possible qu'un médicament ou un excipient manque quelque part".
Pour remédier à cette pénurie qui atteint des pics saisonniers et touche des médicaments souvent essentiels, l'Académie de pharmacie préconise d'engager une politique volontariste de relocalisation de la fabrication des principes actifs jugés stratégiques et indispensables à la santé publique. Elle propose également d'interdire l'exportation de médicaments "sans équivalent thérapeutique et nécessaires aux besoins nationaux". Mais les membres de cette instance souhaitent aussi que soient élargies les possibilités de substitution du pharmacien dans de telles circonstances.
Ecoutez Philippe Liebermann : "Le pharmacien pourrait donner un médicament de la même classe thérapeutique sans que ce soit exactement le même.