La mortalité précoce des schizophrènes est trois fois supérieure à celle du reste de la population, d’après une étude canadienne. Cela signifie que chaque année, ces personnes ont trois fois plus de risques de mourir.
Facteurs de risque plus élevés, effets secondaires des médicaments… Plusieurs éléments expliquent cette différence, mais l’un d’entre eux est souligné par les chercheurs canadiens de l’université de Toronto qui ont mené l’étude : elles ne profitent pas, comme le reste de la population, des progrès réalisés par les systèmes de santé.
Plus de maladies cardiovasculaires
Les épidémiologistes ont analysé tous les décès survenus dans la province canadienne de l’Ontario entre 1993 et 2012. Ils ont ainsi récolté des données sur plus d’un million et demi de personnes, dont plus de 30 000 étaient officiellement atteintes de schizophrénie. Ils publient leurs résultats dans la revue Canadian Medical Association Journal.
Les chiffres ne sont pas rassurants. Les schizophrènes meurent, en moyenne, huit ans plus tôt que les autres. Leur taux de mortalité précoce est supérieur de manière générale, mais aussi pour les maladies cardiovasculaires comme les accidents vasculaires cérébraux ou les infarctus, et pour les maladies chroniques comme le diabète.
Les scientifiques ont remarqué, en particulier, que si la mortalité par maladies cardiovasculaires avait diminué de manière significative dans la population générale pendant les 20 ans du suivi, ce n’était pas le cas pour celles atteintes de schizophrénie.
Un système de santé défaillant
« Il semble que les personnes schizophrènes n’ont pas bénéficié des avancées qui ont été réalisées pour les patients de la population générale vivant avec des pathologies physiques chroniques », explique le Dr Paul Kurdyak, épidémiologiste au Centre de toxicomanie et de santé mentale (Canada), et auteur principal de l’étude.
Ce sont notamment sur les risques particuliers liés aux pathologies mentales que le système de santé échoue. Les personnes schizophrènes sont, par exemple, plus à risque de diabète ou d’obésité. Ils sont également plus exposés aux conséquences du tabagisme ou d’un mode de vie sédentaire, expliquent les chercheurs. Les médicaments qui leur sont prescrits favorisent aussi la prise de poids, et le développement de diabète.
Une prise en charge globale est nécessaire
La prise en charge des schizophrènes est peut-être trop centrée sur la maîtrise de la pathologie mentale et de ses symptômes, sur la prise des traitements et la prévention du suicide, et pas assez sur la santé générale des patients.
« En tant que professionnels de santé, il est de notre responsabilité de travailler ensemble, en collaboration avec l’ensemble du système de santé, pour fournir à ces patients une meilleure prise en charge physique et mentale, poursuit le Dr Kurdyak. Les conséquences sont terribles, voir dramatiques, lorsque nous ne le faisons pas. Des vies sont perdues. »
En somme, les pathologies mentales semblent créer une inégalité dans le traitement apporté aux maladies chroniques, en comparaison du reste de la population. Et, avec l’augmentation de l’espérance de vie observée dans la population générale, cet écart se creuse.
En France, la schizophrénie concerne 600 000 personnes, d’après les chiffres de l’Inserm.