Les égoutiers sont exposés à des risques sanitaires dans le cadre de leur travail. Ce constat a été formulé au mois de juin 2016, dans un rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) qui montrait l’existence d’effets délétères à long terme sur la santé de ces professionnels, exposés à de nombreux agents chimiques et biologiques présents dans l’air ou dans l’eau, par inhalation de gaz, de vapeurs ou d’aérosols, par contact cutané ou encore par ingestion.
Les travailleurs des égouts ont ainsi une surmortalité liée à des maladies digestives et à des cancers, alertait l’Anses. Jusqu’ici, toutefois, l’évaluation précise des agents toxiques était restée complexe.
Au terme d’une longue investigation, l’Agence publie ce mercredi les résultats d’une campagne de mesures menée de mars 2015 à juin 2016, visant à obtenir des données microbiologiques sur l’atmosphère des égouts.
Endotoxines et flores microbiennes
Les résultats de cette campagne confirment que « le réseau de collecte dans lequel évoluent quotidiennement les égoutiers est un milieu insalubre », peut-on lire dans un communiqué. L’étude met en évidence des concentrations en endotoxines et flores microbiennes (dont Aspergillus Flavus) importantes, « parfois préoccupantes », dans l’air des égouts.
Dans ce contexte, l’Anses publie une série de recommandations visant à limiter les risques pour la santé des égoutiers. Elle préconise dans un premier temps de repérer les circonstances les plus risquées, « en analysant et cartographiant les différentes situations de travail, de manière à prioriser et adapter les mesures de prévention à mettre en place ».
Ventiler le réseau
En l’occurrence, certaines tâches apparaissent « particulièrement exposantes », précise l’Anses, qui cite, entre autre, les travaux d’extraction de bassin de dessablement ainsi que le nettoyage à haute pression. Un effort pour caractériser la nature des agents pathogènes et des risques biologiques (infectieux, immuno-allergiques, toxiniques et cancérogènes) doit être fourni pour chaque situation de travail.
Au regard des concentrations élevées en polluants chimiques et microbiologiques dans l’air des égouts, « il est nécessaire que les travailleurs au contact des eaux usées puissent a minima avant toute descente dans le réseau, ventiler de façon naturelle ce dernier », écrit l’Anses. Pour les tâches réalisées dans des ouvrages fixes, la mise en œuvre d’un dispositif de ventilation mécanique par soufflage d’air neuf est recommandée.
L’Anses préconise par ailleurs des mesures organisationnelles afin de réduire les expositions. Ainsi, une meilleure coordination des équipes permettrait « d’éviter la coactivité au même endroit dans le réseau de collecte ». De même, augmenter la fréquence du curage aura pour conséquence une baisse des niveaux en microorganismes et en endotoxines.
Equipements de protection
En outre, l’Agence recommande de veiller à ce que les équipements de protection individuelle mis à disposition des égoutiers ne les surexposent pas à d’autres risques (« l’utilisation d’un appareil de protection respiratoire pouvant par exemple gêner la communication indispensable entre les égoutiers pour prévenir d’un danger potentiel »). Elle rappelle que ces équipements doivent être « portés et changés selon les recommandations du fabricant, régulièrement nettoyés et entreposés en dehors des ateliers, si possible dans des locaux spécifiques ».
Enfin, l’Agence recommande la mise en place de campagnes de communication auprès des professionnels, notamment du BTP et de la restauration, afin de les sensibiliser à l’impact des rejets et déversements de déchets de chantier dans les égouts.