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Journée mondiale

Contraception : le stérilet devient une alternative à la pilule

Par Audrey Vaugrente

La pilule poursuit son recul au profit du stérilet. Santé publique France fait le point sur la contraception en France. 

JPCPROD/epictura

Les Françaises veulent moins d’hormones. Quatre ans après la crise de la pilule, le désamour se confirme. Elles ne sont désormais qu’un tiers à avaler chaque jour un médicament de ce type contre 41% en 2010.

Ce chiffre fait partie de la série de résultats du Baromètre Santé 2016, publié par Santé publique France à l’occasion de la Journée mondiale de la contraception, le 26 septembre. Les résultats montrent bien que les choix permettant d’éviter une grossesse continuent d’évoluer. A une exception près : les méthodes définitives rencontrent très peu de succès auprès de la population, féminine comme masculine.

Le désamour

C’est un fait, la crise de la pilule a provoqué des remous durables en matière de contraception. Mais pas au point de susciter un abandon total. « Il n’y a pas de désamour vis-à-vis de la contraception, confirme à Pourquoidocteur Delphine Rahib, chargée d’études à l’unité santé sexuelle de Santé publique France. Le nombre de femmes qui l’utilisent reste stable au cours du temps. »

Seules 8 % des femmes interrogées ont décidé de s’en remettre au hasard. Le recours aux méthodes naturelles – comme le retrait ou la prise de température – reste lui aussi stable, autour de 4,6 %. Ce choix concerne surtout des personnes de plus de 25 ans, qu’elles aient eu un enfant ou non.

Les trois quarts des Françaises se fient donc à une contraception médicalisée. Mais si ce chiffre reste stable, le choix de la méthode poursuit ses profondes modifications. Le taux de femmes utilisant un contraceptif oral a reculé de 10 points depuis 2010.

 

Le stérilet en hausse

Pilule, stérilet et préservatif restent le trio de tête de ce sondage. Mais les Françaises abandonnent la première pour se reporter, de plus en plus, vers le dispositif intra-utérin, le préservatif… mais aussi l’implant. Et en fonction de l’âge, les alternatives varient fortement.
Ce sont les jeunes, âgées de 20 à 30 ans, qui enregistrent le plus fort désaveu vis-à-vis de la contraception orale. Celle-ci est tout de même élevée, puisqu’elle est administrée à 6 adolescentes sur 10.

Les jeunes adultes semblent, elles aussi, rester convaincues par la méthode hormonale, même si la méthode change. « Chez les 20-24 ans, on observe une augmentation de l’implant qui n’est pas observée dans les autres catégories d’âge », indique Delphine Rahib. Elles sont en effet près de 10 % à se fier à ce dispositif, qui permet moins d’oublis.

Sans surprise, le stérilet remporte un franc succès auprès des Françaises qui souhaitent abandonner la pilule. « Chez les 25-29 ans, l’augmentation se fait principalement sur le DIU », approuve Delphine Rahib. Ainsi, près de 5 % des femmes se sont fait poser un tel dispositif.

 

Un dialogue plus ouvert

Mais les préjugés persistent. A commencer par celui de l’âge. C’est à partir de 30-34 ans que le stérilet rattrape la pilule, avant de devenir la principale forme de contraception. Par ailleurs, les femmes qui ont déjà eu un enfant sont largement plus nombreuses à y recourir. Rien ne contre-indique pourtant la pose d’un stérilet chez une nullipare…

Sans tirer de jugement définitif sur ces résultats, Delphine Rahib souligne que la crise de la pilule a libéré la parole autour de la contraception. « Le débat qui a eu lieu en 2012 et la présence médiatique à ce sujet ont permis un dialogue dans la société autour de la contraception, analyse-t-elle. Des questions ont émergé auprès des femmes, ce qui a mené à une réadaptation du moyen de contraception. »

Autant d’interrogations qui s’avèrent riches d’enseignement pour une agence sanitaire. « La connaissance de l’utilisation des moyens de contraception nous permet de diffuser une information adaptée », reconnaît Delphine Rahib. Sur la plateforme dédiée Choisir sa contraception, par exemple. « On s’appuie sur ces études pour déployer une information pertinente vis-à-vis de l’utilisation et des interrogations », résume la chercheuse.