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"Pinkwashing"

Octobre Rose : remettre le dépistage au cœur de l’événement

Par Julie Levallois

La Ligue contre le cancer veut mettre fin au « pinkwashing » lors d’Octobre Rose. Grâce à une charte, elle veut recentrer le débat sur le dépistage du cancer du sein.

Yann Caradec/Flickr
Le cancer du sein est la tumeur la plus fréquente chez la femme.
Chaque année, 54 000 nouveaux cas sont diagnostiqués et 11 000 décès recensés.
S’il est détecté à un stade précoce, le cancer du sein peut être guéri dans 9 cas sur 10.
Au total, 10 millions de femmes âgées de 50 à 74 ans sont visées par le dépistage organisé.
Seules 50,7 % des Françaises réalisent une mammographie de dépistage dans le cadre de ce programme.

La dérive était prévisible. Promotion sur le maquillage, burger aux betteraves et autres bâtiments colorés de rose… Toutes les excuses sont bonnes pour arborer le ruban d’Octobre Rose. Ce mois de sensibilisation est censé attirer l’attention sur le rôle clé du dépistage du cancer du sein.

Mais l’événement devient surtout un prétexte commercial. A quelques jours du 1er octobre, la Ligue contre le cancer tape du poing sur la table et dénonce le « pinkwashing » du mouvement. Dans un communiqué, l’association évoque « une mobilisation souvent détournée de son objet, prétexte à des communications opportunistes, désordonnées voire mercantiles. »

Améliorer l’information

Voilà plusieurs années que militants et citoyens dénoncent la dérive d’Octobre Rose à des fins commerciales. Que ce soit en France ou aux Etats-Unis, les marques ont trop souvent utilisé le ruban rose comme un argument marketing. La Ligue contre le cancer propose donc, pour l’édition 2017 de l’événement, l’adoption d’une charte de bonnes pratiques.

« En tant que porte-parole des personnes malades et de leurs proches, nous nous devons d’agir concrètement pour recentrer le message, et permettre à toutes les femmes, quels que soient leur revenu, leur origine sociale, leur religion, leur lieu d’habitation d’avoir accès à l’information et de se faire dépister », estime le Pr Jacqueline Godet, présidente de la Ligue.

Car lutter contre le « pinkwashing », c’est aussi recentrer le débat sur les deux objectifs d’Octobre Rose : élargir l’accès à l’information sur la prévention du cancer du sein, mais aussi favoriser l’accès aux moyens de dépistage. Et ce deuxième aspect a pâti de l’excès de marketing, selon la Ligue.

Mieux utiliser les fonds

Selon l’association, c’est en partie à cause des abus autour d’Octobre Rose que le taux de participation au dépistage organisé est si faible. En 2016, seule la moitié des femmes visées a réalisé une mammographie.

La charte fixe donc trois sujets sur lesquels communiquer : l’examen clinique des seins tous les ans de 25 à 49 ans puis à partir de 74 ans, la mammographie tous les deux ans de 50 à 74 ans, ainsi qu’un suivi adapté pour toutes les femmes à risque.

Les signataires s’engagent aussi à utiliser les fonds recueillis à bon escient. Pour améliorer l’accompagnement des soins de support, par exemple, mais aussi améliorer l’accueil et l’orientation ainsi que l’accès aux populations les plus vulnérables. Espérons que cela suffira à recentrer le débat.