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+10 000 % en 5 ans

Royaume-Uni : les temps d’attente explosent aux urgences

Par Audrey Vaugrente

Attendre plus de 12 heures aux urgences est de plus en plus courant au Royaume-Uni. Près de 1 600 patients en ont fait l’expérience entre janvier et mars.

Police_Mad_Liam/Flickr

La tendance est alarmante. En seulement cinq ans, le temps d’attente aux urgences britanniques a explosé. Selon les derniers chiffres du NHS, le service national de santé, le nombre de personnes ayant patienté plus de 12 heures a grimpé de 10 000 % depuis 2012. Et la situation n’est pas près de s’améliorer.

Entre janvier et mars, près de 1 600 patients sont restés plus d’une demi-journée dans la salle d’attente des urgences. En 2012, ils n’étaient que 15. De quoi susciter la colère des intéressés, mais aussi des partis d’opposition. Ceux-ci appellent ouvertement le gouvernement à régler la situation en augmentant les financements.

Cette demande est pour le moins justifiée : selon l’organisme de gestion du NHS, 200 à 350 millions de livres sont nécessaires pour faire face à la saison froide – soit 220 à 380 millions d’euros. Sans cela, l’hiver à venir pourrait bien être le pire depuis des années.

Pas assez de lits

Mais sur le plan financier, le gouvernement britannique se défend. « Aucun patient ne devrait attendre aussi longtemps aux urgences, c’est pourquoi nous avons apporté 100 millions de livres de plus au financement des plans hivernaux », a précisé un porte-parole du ministère de la Santé lors d’un point presse.

Il n’en reste pas moins que le système de santé public est soumis à des pressions sans précédent. Pour preuve : 177 000 patients ont attendu quatre heures avant d’être pris en charge aux urgences. Là encore, une hausse conséquente s’est produite depuis cinq ans (342 %). Loin des objectifs fixés par le gouvernement, qui souhaite traiter 95 % des personnes dans ce délai.

Pour bien faire, 5 000 lits de plus devraient être disponibles dans le pays. C’est le principal problème des hôpitaux publics britanniques : le manque de places. Le taux d’occupation des lits, qui sert à estimer la saturation des établissements, est de 92 %. Afin d’éviter une congestion en cas de crise, il doit être inférieur à 85 %.

De plus en plus de consultations

Le rythme est d’autant plus alarmant que les tensions persistent au printemps. Cette saison est pourtant censée être plus calme. C’est bien la preuve, selon le porte-parole du NHS, que les financements ne sont pas seuls en cause. « Le personnel traite 1 800 patients en quatre heures, chaque jour, et 2,8 millions de patients de plus chaque année », souligne-t-il.

La directrice nationale des soins d’urgence, quant à elle, tente de voir l’aspect positif des causes. « Seuls 0,028 % des patients attendent 12 heures ou plus, sur les 5,6 millions qui se sont rendus aux urgences en trois mois », remarque-t-elle, tout en reconnaissant que ces retards sont « regrettables ».

Regarder le problème uniquement sous cet angle induit en erreur le public. Au-delà de la saturation des urgences, c’est l’ensemble du secteur hospitalier public qui étouffe, lentement mais sûrement. En raison des coupes budgétaires, les médecins ne sont pas assez nombreux pour assurer un service optimal.