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Pr Christophe Bureau

Hépatite C : «mettre en place un dépistage universel»

ENTRETIEN. Alors que l'éradication de l'hépatite C est à portée de main, les hépatologues demandent la mise en place d'un dépistage systématique à l'âge adulte. 

Hépatite C : \ AlexLipa/epictura




L’hépatite C pourrait bientôt devenir une maladie du passé. Grâce aux avancées thérapeutiques, les patients peuvent aujourd’hui être totalement guéris.

L’accès universel aux dernières innovations a permis ce changement de paradigme. En raison de leur coût exorbitant, ces molécules ont d’abord été limitées aux patients en attente d’une greffe de foie. Les âpres négociations entre le gouvernement et les laboratoires ont ensuite permis d’ouvrir progressivement l’accès aux patients souffrant de cirrhose. Et depuis le début 2017, les hépatologues peuvent prescrire ces traitements révolutionnaires à tous les patients infectés par le virus de l’hépatite C.

Depuis 2016, plus de 30 000 personnes ont pu bénéficier de ces molécules. Il reste encore 150 000 patients à traiter. L’éradication de cette pathologie chronique semble donc à portée main. Mais un obstacle persiste : quelque 75 000 personnes ignorent leur infection. La mise en place d’un dépistage universel est indispensable si l’on veut réussir, estime le Pr Christophe Bureau, secrétaire générale de l’Association Française pour l’étude du foie (AFEF) et hépathologue au CHU de Toulouse.


Qu’a permis la mise en place du traitement universel de l’hépatite C ?
Pr Christophe Bureau : Pendant très longtemps, les médicaments étaient peu efficaces avec moins de 50 % d’efficacité. Mais surtout ils étaient très mal tolérés et entraînaient des effets secondaires importants, ce qui limitait les possibilités de prescription. Nous ne les prescrivions qu’aux patients atteints de formes sévères.

Mais aujourd’hui, les traitements atteignent des taux d’efficacité supérieur à 95 %. Les échecs et les effets secondaires graves sont exceptionnels. Et puis les durées de traitement sont courtes comprises en général entre 8 et 12 semaines. Cela nous permet de proposer le traitement à des patients qui n’ont pas une atteinte sévère du foie. Et en traitant ces malades, nous nous sommes rendus compte que les complications extra-hépatiques, comme la fatigue, s’améliorent.

Et après le traitement, les patients doivent-ils encore être suivis ?
Pr Christophe Bureau : Cela dépend de l’évaluation du patient avant le traitement. Certains sont seulement porteurs du virus et n’ont pas développé de maladie du foie. S’ils ne présentent pas d’autres facteurs risques de complications hépatiques (alcool, hépatite B, NASH), ils peuvent ne plus être surveillés.

En revanche, les malades atteints d’une fibrose sévère, et chez qui on élimine le virus grâce aux traitements, sont toujours à risque de cirrhose ou de cancer du foie. En plus, ces malades sont généralement confrontés à des comorbidités. Il est donc important de poursuivre le suivi. 

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Ecoutez l'intégralité de l'entretien avec le Pr Christophe Bureau 

  

L’éradication est proche. Mais encore faut-il avoir accès à tous les malades…
Pr Christophe Bureau : Effectivement, on suppose qu’entre 70 000 et 80 000 patients ignorent leur séropositivité. Or si on veut assurer l’éradication de la maladie, il faut absolument aller chercher ces patients. Il s’agit, d’une part, de patients difficiles d’accès comme les personnes très précaires qui vivent dans la rue ou les migrants. Et d’autre part, il y a les gens qui n’imaginent pas être infectés car durant de nombreuses années on a répété que les facteurs de risque de transmission de l’hépatite C sont la transfusion sanguine et la toxicomanie. Or, les malades présentant ces facteurs de risque ont déjà été dépistés.

Aujourd’hui, il reste donc les malades ne présentant pas de facteurs de risque évident. Ceux-là ont pu être infectés dans les années 1980 lors de soins invasifs comme le traitement des varices, des coloscopies ou encore des soins dentaires qui n'étaient pas réalisés avec toutes les précautions d’hygiène que l’on connaît aujourd’hui. Les piercings et les tatouages présentent aussi un risque de transmission du virus de l’hépatite C.

Nous avons tous pu être contaminés lors d’un acte bénin. Donc même en l’absence de facteurs de risque évidents, il faut quand même se faire dépister au moins une fois dans sa vie à l’âge adulte.

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