Nous lui consacrons le tiers de notre existence, il fait partie de nos biens les plus précieux et, pourtant, nous le malmenons par choix ou sous la contrainte. Résultat, nous sommes victimes d’une « épidémie de manque de sommeil catastrophique ».
Les causes sont connues : l'éclairage artificiel, les écrans, des trajets de plus en plus longs et une frontière de plus en plus floue entre le temps de travail et le temps personnel.
Et Matthew Walker n’y va pas par quatre chemins pour évoquer les conséquences. A moins de 7 heures par nuit, nous nous exposons à plusieurs maladies graves : cancers, diabète, maladies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, maladie d'Alzheimer, obésité, problèmes de santé mentale, etc.
Dans une interview au Guardian, rapportée par Slate, le directeur du Center for Human Sleep Science à l'université de Berkeley explique pourquoi il faut surveiller notre sommeil : « Quand vous comprenez qu'après seulement une nuit de quatre ou cinq heures, le nombre de vos cellules tueuses naturelles – qui éradiquent les cellules cancéreuses apparaissant dans votre corps chaque jour – chute de 70 %, ou que le manque de sommeil est lié aux cancers de l'intestin, de la prostate et du sein, comment voulez-vous faire autrement ? »
Dans un ouvrage à paraître dans quelques jours, Why we sleep, cet expert, qui avoue dormir 8 heures par nuit – « c’est non négociable » – résume : « Plus votre temps de sommeil est court, plus courte sera votre vie ».
Le neuroscientifique dénonce l’absence de campagne d’information et de politique de santé publique portant sur cette question. Sans doute, explique-t-il, parce que la société de « productivité » assimile le sommeil à de la paresse ou de la fainéantise. Du coup, depuis 1942, le nombre de personnes qui dorment six heures ou moins est passé de 8 % à 50 %.
Comme d’autres experts, Matthew Walker recommande de retarder l’heure du début des cours à l’école, de sensibiliser les entreprises aux bénéfices du sommeil pour leurs salariés et aux médecins de lever le stylo sur les prescriptions de somnifères. En clair, la société doit considérer le sommeil comme de la médecine préventive.