L’affaire du Levothyrox ne cesse de faire couler de l’encre. Alors que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a confirmé ce mardi que l’ancienne formule du médicament serait disponible à partir du 2 octobre, les pharmaciens critiquent les choix de la ministre.
Dans deux lettres ouvertes adressées à Agnès Buzyn, ces professionnels de santé rapportent ne pas avoir été consultés. Ils s’indignent d’avoir été informés du retour de l’ancienne formule dans leurs officines par les médias. « Il est à penser qu’aujourd’hui, nous, pharmaciens sommes considérés comme de simples distributeurs de médicaments », regrettent-ils dans l’un de ces courriers repérés par Egora (voir ci-dessous).
Une mauvaise gestion de crise
Pour ces professionnels, les solutions apportées par la ministre sont sources d’inquiétudes chez les patients. En optant pour le retour de l’ancienne de formule et la mise en vente de nouveaux médicaments, la ministre aurait « cautionné le fait que la nouvelle formulation peut présenter des risques », estiment-ils.
La vente en parallèle des 2 médicaments va créer la confusion chez les patients, poursuivent-ils. Une inquiétude légitime à laquelle il est difficile de répondre désormais. Dénonçant un manque de concertation, les pharmaciens soulèvent qu’ils seront en première ligne pour répondre aux questions des malades. Mais leur parole sera-t-elle légitime aux yeux des malades alors que la ministre souhaite que « les patients aient le choix » ?, s’interrogent-ils.
Un avis partagé par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Dans une lettre, son président Gilles Bonnefond dit redouter la « rupture de stock dès la première semaine » si les conditions de prescription et de prise en charge ne sont pas précisées au plus vite. « Si nous ne sommes ni consultés ni informés, nous ne pourrons pas accomplir notre travail de professionnel du médicament, notre rôle d’acteur du bon usage, notre mission de santé publique et la diffusion de la bonne information », relève-t-il.
La ministre se veut rassurante
Invitée sur RMC ce mardi, la ministre a voulu apporter quelques précisions. Elle a notamment indiqué que « l’ancienne formulation serait réservée aux patients qui n’ont pas pu s’habituer à la nouvelle formule et qui ressentent des effets secondaires très invalidants ».
Les patients qui tolèrent bien le nouveau Levothyrox ne devraient donc pas changer de produit. La ministre a, par ailleurs, affirmé que la nouvelle formule est « un excellent médicament plus stable » que le précèdent.
A partir de mi-octobre, d’autres médicaments fabriqués par d’autres laboratoires que Merck devraient être disponibles afin de « diversifier l’offre thérapeutique ».
Je tiens mes engagements envers les malades de la thyroïde:l'ancienne formule du #Levothyrox arrivera le 02/10, les alternatives mi-octobre. pic.twitter.com/Eybgy1ySdR
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 26 septembre 2017
Mieux informer les patients
Consciente que les patients ont insuffisamment été informés par cette modification, Agnès Buzyn a également annoncé le lancement d’une mission sur l’information des malades. Celle ci a été confiée au médecin urgentiste Gérald Kierzek. Il devrait s’entretenir avec les agences réglementaires, les associations de patients, les professionnels de santé ainsi que des journalistes pour proposer un système d’information directement dirigé vers les malades.
Plus de 3 millions de malades de la thyroïde prennent ce médicament. Pour l’heure, 9 000 personnes auraient signaler des effets indésirables (vertiges, pertes de cheveux, crampes…) à l’Agence national de sécurité du médicament (ANSM). Et une soixantaine de malades ont déjà porté plainte.