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Prévention primaire ou secondaire

AVC : arrêter l’aspirine augmente le risque d’incident

Par Julie Levallois

L'aspirine doit être prise en continu afin de réduire le risque d'AVC ou d'infarctus. Si le traitement est interrompu, celui-ci est augmenté de 37 %.

American Heart Association

Plus de 100 ans que l’aspirine est commercialisée sous forme de médicament. En un siècle, son usage a considérablement évolué. Elle est désormais prescrite en prévention d’un AVC ou d’un infarctus du myocarde. Mais les patients ont intérêt à se montrer sérieux. Car arrêter ce traitement augmente considérablement le risque de souffrir d’un incident cardio-vasculaire, d’après une étude publiée dans Circulation.

En Suède, un patient sur cinq cesse de prendre de l’aspirine en prévention dans l’année qui suit la première prescription. Les chercheurs de l’université d’Uppsala (Suède) sont parvenus à cette conclusion alarmante après avoir analysé les dossiers médicaux de 600 000 personnes. La moitié d’entre elles en bénéficiaient à cause d’un premier incident cardiovasculaire.

Le manque d’observance

Que ce soit avant ou après un AVC ou un infarctus, l’aspirine joue un rôle crucial. Ce médicament n’est pas seulement utile contre la fièvre et les douleurs. Il fluidifie également le sang, empêchant la formation de caillots à l’origine de ces incidents.

Mais cette efficacité a un prix, celui de l’observance. Un comprimé doit être pris chaque jour afin d’obtenir les bénéfices attendus. Les patients se lassent visiblement d’une telle exigence. Outre les arrêts de traitement, la moitié ne suit pas correctement la prescription.

Et ce manque d’adhésion a des conséquences réelles sur la santé des personnes à risque. En l’espace d’un an, pour 74 patients qui arrêtent l’aspirine, un souffrira d’un AVC ou d’un infarctus. Cela représente un tiers de cas en plus par rapport à la normale. Lorsque l’aspirine est prise en prévention secondaire, c’est encore pire. Sur 36 patients qui l’abandonnent, un souffrira d’une récidive.


Un effet rebond

Cette recrudescence s’explique sans doute par ce que les chercheurs qualifient d’effet « rebond ». Les patients sous aspirine sont déjà à haut risque qu’un caillot ne se forme. En l’absence de cette molécule, la coagulation augmente… et le thrombus se développe.

C’est la première fois que le risque d’un arrêt de l’aspirine est quantifié. Au vu de ces résultats, les auteurs de cette étude estiment qu’il faut maintenir le traitement autant que possible. « L’aspirine, prise à faible dose, représente un traitement simple et peu coûteux », souligne Johan Sundstrom, coordinateur de l’étude.

Deux motifs d’arrêt sont toutefois inévitables : des hémorragies gastro-intestinales provoquées par le médicament, ou une chirurgie. Manque de chance, ce sont aussi des facteurs de risque majeurs d’incident.