« Il s'agit d'une étape importante dans la démonstration des bénéfices procurés par cette prothèse et nous nous réjouissons de proposer cette technologie à plus de patients en France ». Le Pr José Alain Sahel, chef du service d'ophtalmologie du Centre hospitalier national d'ophtalmologie (Chno) vient de présenter les dernières données sur la prothèse rétinienne Argus II. Ce dispositif permet à des patients aveugles de reconnaître des lettres et de lire des mots, selon une récente étude publiée dans le British Journal of Ophthalmology.
La rétine Argus II est un appareil implantable transformant des images en signaux électriques qui vont stimuler le nerf optique. Il est évalué dans une étude internationale à laquelle participe le Cnno des Quinze-Vingts (Paris). Il s'adresse à des patients aveugles ayant un nerf optique fonctionnel, souffrant le plus souvent d'une rétinopathie pigmentaire et ayant une vague perception lumineuse.
De nouvelles données de cette étude sont rapportées par le Dr Lyndon da Cruz du Moorfields Eye Hospital et ses collègues de plusieurs pays (dont l'équipe du Chno). Elles concernent 28 patients sur les 30 implantés (1). Parmi eux, 21 patients ont participé à l'évaluation de la lecture. Ils devaient tenter de reconnaître des lettres et de lire des mots.
« Les résultats sont encourageants », rapportent les chercheurs. 72,3% d'entre eux ont pu reconnaître correctement les lettres L, T, E, J, F, H, I, U. Un sous-groupe de six patients a pu lire des lettres qui ne mesuraient que 0,9 cm à une distance de 30 cm et quatre étaient capables d'identifier des mots de deux, trois et quatre lettres.
« Le fait de voir la plupart de nos patients être capables de reconnaître de grandes lettres et de localiser des objets ou d'autres choses, est véritablement encourageant et va au-delà de ce que nous espérions au début », commente le Dr da Cruz.
L'Argus II est homologué en Europe depuis février 2011 et aux Etats-Unis depuis février 2013. Et certains patients le portent depuis presque six ans. Pourtant, dans un avis du 20 décembre 2012, la Commission nationale d'évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (Cnedimts) de la Haute autorité de santé (Has) jugeait le service attendu insuffisant dans la prise en charge de la rétinopathie pigmentaire avancée. Et pour cette raison, la Cnedimts refuse toujours de rembourser cette rétine artificielle.
(1) Un patient a dû être explanté à cause d'une érosion conjonctivale et un autre pour décollement de la rétine.