Les Français sont des millions à n’avoir pas accès aux soins dentaires. 6 à 10 millions, selon l’Insee. Manque d’argent, d’autonomie… Les motifs de renoncement sont nombreux. Pour la première fois, l’Ordre national des chirurgiens dentistes (ONCD) s’est penché sur la question, dans un rapport publié ce 27 septembre.
Trois populations sont particulièrement touchées par ces inégalités : les personnes en situation de précarité, de handicap ou de dépendance. Face à cette demande, les cabinets de dentiste font de leur mieux, souligne ce rapport.
L’accessibilité s’améliore
Si les dentistes sont de bonne volonté, il y a encore de la place pour des améliorations. Par exemple, 15 % des structures ne répondent pas aux normes d’accessibilité des personnes handicapées, chiffre l’ONCD. Et ce, alors que la loi les y contraint. D’ailleurs, à compter du 30 septembre, un registre public d’accessibilité devra être disponible dans les cabinets.
Pour autant, les 3 000 praticiens interrogés s’arrangent pour soigner les patients en situation de handicap. 38 % d’entre eux les accueillent au sein de leur cabinet et autant réalisent les soins dans une structure adaptée aux déficiences. Seuls 2 % des professionnels refusent toute prise en charge.
En complément de ces structures fixes, des initiatives régionales permettent d’améliorer l’accès aux soins. C’est le cas des programmes Handident ou Handi-acces, des réseaux de soins déployés dans plusieurs régions. L’objectif : faciliter la prise en charge des personnes souffrant de déficiences – qu’elles soient motrices, intellectuelles ou encore visuelles.
Des seniors soignés
Pour les personnes âgées dépendantes, la situation est également positive. Près d’un dentiste sur deux est capable d’assurer l’accueil de cette population. Et un tiers répond à la demande. Au point de se rendre en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).
Preuve de cette bonne volonté, parmi les intervenants, 8 sur 10 exercent dans le secteur libéral. Quant à ceux qui ne s’en sentent pas capables, ils n’hésitent pas à orienter leurs patients vers une structure spécialisée (17 %). Certains réseaux de soins prennent aussi les devants, en s’approchant des personnes à domicile.
La précarité, double peine
Ce sont finalement les personnes précaires qui souffrent le plus des inégalités d’accès. L’ONCD le reconnaît lui-même, cette population est plus « volatile » et instable géographiquement. Difficile, donc, de déployer des mesures ciblées.
De fait, seuls 12 % des praticiens ont rejoint un réseau de soins. Un élément positif ressort, toutefois : les trois quarts des dentistes interrogés soignent un patient précaire lorsqu’il a été orienté vers eux. Mais l’Ordre précise que « les chirurgiens-dentistes doivent se rapprocher du milieu médico-social ». Ce qui, à l’heure actuelle, n’est pas assez le cas.
Des formations demandées
Quelques initiatives fixent le cap à suivre. C’est notamment le cas de La Réunion, où la prise en charge des personnes précaires est proactive. A chaque intervention du SAMU ou chaque visite au CHU de Saint-Denis, une consultation dentaire de dépistage est réalisée. Les soins sont rapidement dispensés.
En métropole, le Bus social dentaire, créé en 1996, sillonne la région parisienne. Il dispense chaque année 2 000 consultations auprès de personnes isolées, en rupture sociale ou médicale.
Conscients de ces lacunes, les dentistes sont 50 % à plaider en faveur d’actions de formation. Un quart d’entre eux souhaiteraient mieux prendre en charge les populations précaires. Ils sont un peu plus nombreux à reconnaître leurs insuffisances dans le soin des personnes en situation de handicap ou de dépendance.