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Résultats scolaires, santé

TV dans la chambre : des risques multiples pour les enfants

Par Jonathan Herchkovitch

Les enfants qui ont une télévision dans leur chambre passent moins de temps à pratiquer d’autres activités essentielles à leur développement.

Michael Cramer/Flickr
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Une fois les voies autoritaires épuisées face aux demandes insistantes des enfants d’avoir une télévision dans la chambre, deux choix se présentent : trouver un faux prétexte – il n’y a pas assez de prises de courant, par exemple – ou céder.

Que les parents se rassurent : des chercheurs de l’université d’Iowa State (États-Unis) leur ont trouvé quelques arguments supplémentaires. Ils ont en effet observé que les enfants qui ont une TV dans leur chambre réussissent moins bien à l’école, et ont plus de problèmes de santé physique et mentale.

Des programmes TV un peu lourds

En suivant des enfants entre 8 et 11 ans – qui seraient entre le CE2 et le CM2 en France – pendant deux ans, ils ont remarqué qu'un écran dans la chambre augmentait, comme attendu, le temps passé devant un écran. L’excuse « ce n’est pas parce que j’ai une télévision dans ma chambre que je vais la regarder plus longtemps » ne tient donc pas.

Ce temps supplémentaire représente des risque accrus au niveau physique. L’indice de masse corporelle (IMC) des enfants qui ont une TV dans leur chambre est supérieur à celui des autres, et ils sont plus à risque d’obésité. Une étude réalisée en 2014 avait déjà montré qu’ils pesaient en moyenne 0,4 kg de plus, et qu’après quatre ans, leur IMC était supérieur aux autres d’un point.

Lire les sous–titres ne suffit pas

Ils sont en effet moins remuants, mais l’activité physique est loin d’être la seule à être grignotée par les programmes. Le temps est incompressible, et si ces enfants regardent plus la TV, ils lisent moins. C’est l’un des facteurs que les chercheurs américains désignent pour expliquer la baisse des résultats scolaires qu’ils ont observée.

Ce n’est pas le seul. « Lorsqu’ils allument la télévision seuls dans leur chambre, la plupart des enfants ne vont sans doute pas regarder des programmes éducatifs, souligne Douglas Gentile, professeur de psychologie à l’université d’Iowa State, et l’un des auteurs de l’étude parue dans la revue Developmental Psychology. Mettre une TV dans une chambre, c’est donner à l’enfant un accès privatisé, 24h/24, et ôter de la surveillance et du contrôle aux parents. »

 

Les jeux vidéo rajoutent une couche

Outre le déficit éducatif qu’ils subissent, ils regardent aussi des programmes moins adaptés à leur âge, souvent plus violents. La TV s’accompagnant souvent d’une console de jeu dans les chambres, et le cocktail ajoute des risques. Le temps passé devant l’écran augmente.

Les chercheurs ont aussi remarqué qu’ils jouaient à des jeux plus violents que s’ils étaient dans le salon, ce qui les rendrait plus agressifs. Une agressivité qu’ils ont également observée avec la TV seule.

Enfin, la présence d’une console de jeu expose les enfants à un risque d’addiction. « Nous savons, grâce à des décennies de recherches sur l’addiction, que son prédicateur numéro un est l’accès, rappelle le Pr Gentile. Vous ne pouvez pas devenir accro aux jeux d’argent si vous n’avez pas d’endroit pour parier. »

Savoir dire non

Le chercheur a visiblement eu affaire, lui aussi, à la pression de ses propres enfants. Il souligne que cela peut provoquer des conflits à court terme, mais qui seront profitables sur la durée. « Il est bien plus facile, pour les parents, de ne jamais autoriser la TV dans une chambre, que de la retirer, poursuit-il. C’est une question à laquelle la plupart des parents doivent, un jour ou l’autre, faire face. Et la réponse est simple comme un mot de trois lettres : elle est dure, mais elle en vaut la peine. » Non ?

Non. Pas de TV dans la chambre, pas de console non plus, donc. Le psychologue va même plus loin, en recommandant d’en bannir, autant que faire se peut, tous les médias. Parce qu’en plus du temps perdu pour des activités de développement importantes pour l’enfant, ils l’incitent à rester éveillé plus longtemps, les écrans nuisent à son endormissement, et il est exposé à des conversations tardives via texto ou réseaux sociaux.