Des vésicules douloureuses et inflammatoires, dont il est impossible de se débarrasser. En France, une personne sur cinq souffre d’un herpès génital. Une maladie millénaire, dont l’humanité aurait pu se passer. En effet, comme le montre une équipe britannique, le virus à l’origine de cette infection, HSV2, n’a pas toujours fait souffrir notre espèce.
Les chercheurs des universités de Cambridge et d’Oxford (Royaume-Uni) ont peut-être trouvé le « patient zéro », l’être à cause de qui l’humanité souffre de ce fléau. Et expliquent leur démarche dans une étude, publiée dans Virus Evolution.
Une évolution heureuse
Le coupable porte un nom peu connu : Paranthropus boisei. Cet hominidé bipède, au cerveau de petite taille, a joué un rôle crucial dans la propagation du HSV2. Surnommé casse-noisette, il se nourrissait aussi de la chair d’autres singes porteurs du virus de l’herpès. Or, l’infection se propage notamment par les plaies ou les morsures.
Introduit dans cette branche humanoïde, le virus s’est adapté aux muqueuses, gagnant en efficacité. « L’herpès infecte tout, de l’homme au corail, avec des spécificités selon chaque espèce, rappelle le Dr Charlotte Houldcroft. Une fois que HSV2 arrive chez une espèce, il y a reste ; il est facilement transmis de la mère à l’enfant, par le sang, la salive ou le sexe. Il est particulièrement adapté aux populations peu denses. »
L’affaire ne s’arrête pas là. Paranthropus boisei a sans doute croisé le chemin d’un de nos ancêtres, Homo erectus. C’était il y a 1,4 à 3 millions d’années. Avant cette date pivot, pas d’herpès-virus chez les hominidés.
Des rapports étroits
A partir de ce moment, deux hypothèses sont émises par les Britanniques. « Pour ce virus, franchir la barrière des espèces ne nécessite qu’une mutation génétique heureuse et un échange de fluides », indique le Dr Houldcroft. La première piste s’avère plutôt sanglante. Notre ancêtre aurait tout simplement mangé le petit hominidé. S’exposant au passage à ses chairs infectées.
La deuxième théorie est bien plus paisible. Homo erectus et Paranthropus boisei se seraient tout simplement côtoyés sur les rives des sources d’eau, comme le lac Turkana au Kenya. Rappelons-le, l’herpès se transmet par les fluides corporels… y compris sexuels.
« Nous avons conclu à la possibilité que Paranthropus boisei était l’espèce située au bon endroit et au bon moment pour contracter HSV2 et le transmettre à nos ancêtres », tranche le Dr Charlotte Houldcroft.