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A très faibles doses

Néonicotinoïde : la toxicité des pesticides tueurs d’abeilles confirmée

Par Ambre Amias

Une vaste revue de littérature montre l’impact incontestablement délétère des néonicotinoïdes sur l’environnement et les organismes.

Ratikova/epictura

Le doute n’est plus permis. Les néonicotinoïdes, pesticides connus pour leur rôle dans la mise en danger des populations d’abeilles, ont une toxicité avérée à très faibles doses. Cette conclusion provient de la deuxième édition de la plus vaste revue de littérature consacrée à l’impact des pesticides sur la biodiversité et les écosystèmes. Plus de 500 études menées depuis 2014 ont été passées au crible, dont certaines émanant de l’industrie des pesticides. Ces travaux seront publiés dans la prochaine édition d’Environmental Science and Pollution Research.

La revue de littérature, conduite la TFSP (Task Force on Systemic Pesticides), un groupe international de scientifiques, montre l’impact majeur de ces pesticides, parmi lesquels on compte le fipronil, impliqué dans un récent scandale de contamination d’œufs destinés à la consommation humaine.

Menace significative

Ces pesticides sont solubles dans l’eau et très persistants, ils ne se dégradent pas dans les sols, expliquent les auteurs. En résulte une exposition prolongée et chronique dans l’environnement terrestre et aquatique. L’utilisation intensive et routinière des néonicotinoïdes dans l’agriculture est à l’origine d’une vaste contamination environnementale et d’une menace significative pour la biodiversité, concluent les auteurs.

En effet, les néonicotinoïdes, introduits depuis les années 1990, sont devenus le type d’insecticide le plus fréquemment utilisé dans le monde. Les usages concernent aussi bien le traitement des graines et des sols, la pulvérisation foliaire et les produits pour traiter la pelouse. Les néonicotinoïdes sont également utilisés dans les forêts et pour traiter les animaux de compagnie.

Trois papiers scientifiques ont été publiés. Le premier se penche sur les données relatives au mode d’action, au métabolisme, à la toxicité et à la contamination environnementale liés aux néonicotinoïdes et au fipronil. Le deuxième se penche sur les effets létaux des néonicotinoïdes et du friponil sur les organismes et la biodiversité. Le dernier est consacré à l’efficacité de ces pesticides dans l’agriculture et aux méthodes alternatives.

Peu efficaces

Or, selon ces travaux, seule une petite partie de ces pesticides atteint l’objectif attribué à ces substances. En clair, la plupart font plus de mal que de bien, car ils causent des dommages à des organismes qui ne sont pas, à la base, ciblés par les produits. Les travaux montrent ainsi que non seulement ces pesticides ont une efficacité contestable, mais qu’en plus, ils dégradent la qualité des sols, menacent la biodiversité en contaminant les eaux, l’air et la nourriture.

Les auteurs saluent l’initiative de la France, qui a banni ces pesticides, et appellent les Etats à en faire autant, afin de protéger les populations humaines, la biodiversité et l’environnement.