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Substances à risque

Tatouage : l’Académie de médecine veut des encres plus sûres

Par Julie Levallois

L'Académie de médecine demande une meilleure régulation des encres de tatouage. Elle estime que la sécurité des clients n'est pas assurée à l'heure actuelle.

bogdan.hoda/epictura

Un Français sur dix a choisi de décorer sa peau à l’encre. Le tatouage est populaire, surtout chez les jeunes. L’Académie nationale de médecine en a bien conscience. Et elle s’inquiète pour ses concitoyens. Dans un récent avis, elle appelle de ses vœux une meilleure régulation des produits de tatouage.

Le premier constat des Académiciens porte sur la réglementation en vigueur. Elle est, au goût de ces experts, trop faible. De fait, elle régule plus l’activité des tatoueurs et leur outillage. Les professionnels doivent utiliser un matériel à usage unique et respecter des règles d’hygiène précises.

Mais l’Académie de médecine veut aller plus loin. Elle demande la mise en place d’un « carnet des interventions », où chaque acte de tatouage sera notifié ainsi que les composants utilisés. De même, une veille épidémiologique est nécessaire, selon les experts, afin de surveiller les éventuels effets néfastes d’une encre ou d’une substance.

Un suivi renforcé

Toutes ces propositions exigent un suivi renforcé des réglementations en place, et un contrôle régulier des établissements. Ce qui est, à l’heure actuelle, insuffisant. L’Académie rappelle aussi des demandes émises dès 2008. L’usage des encres doit être davantage réglementé, et la sécurité des substances autorisées démontrée de manière claire.

Les encres, elles, sont régies par le Code de la santé publique. Mais de manière assez floue. Certaines substances sont interdites. Lorsque ce n’est pas le cas, « leur utilisation est conditionnée à la réalisation d’une étude d’innocuité », précise le site du ministère de la Santé.

Un avis que ne partage pas l’Académie de médecine. Les colorants organiques, par exemple, ne peuvent justifier d’aucune étude assurant de leur innocuité. Le constat est d’autant plus inquiétant que ces produits étaient d’abord destinés à un usage externe… « La composition des encres colorées est rarement précisée », déplore l’avis.

Des mutations à risque

Les reproches des Académiciens ne s’arrêtent pas à ces substances. Ils voient aussi d’un œil réprobateur les encres noires, chargées en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ; ils sont considérés comme des cancérogènes probables par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Et « le rôle des encres est essentiel », précise l’avis de l’Académie de médecine. Elles perdurent à long terme sous la peau et y évoluent, parfois avec des risques de toxicité. Sous l’effet des rayons UV ou des lasers de détatouage, des mutations peuvent survenir. De même, la présence de HAP a été détectée dans les ganglions proches de la zone de tatouage.

A l’heure actuelle, les complications après un acte de tatouage sont fréquentes. En Allemagne, deux tiers des personnes souffrent de séquelles traumatiques, retards de cicatrisation et autres lésions locales. Environ 6 % de ces maux sont chroniques.