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Politiques tarifaires

Collège : des inégalités dans l’accès à la cantine

Par Ambre Amias

Environ 30 % des élèves ne mangent pas à la cantine, dont une proportion élevée d’élèves défavorisés, selon un rapport.

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L’école républicaine ne nourrit pas ses collégiens comme elle devrait le faire. Un vaste rapport sur la qualité de vie au collège, publié ce mardi par le Conseil national d'évaluation du système scolaire, pointe de fortes inégalités d’accès à la restauration scolaire dans les établissements du second degré. Si la plupart sont bien équipés d’une cantine, ce qui n’est pas systématiquement le cas dans d’autres pays européens (Norvège, Danemark…), les politiques de tarification excluent de ce service une partie des classes défavorisées.

Le rapport montre ainsi que la fréquentation du restaurant scolaire est assez forte : 70 % des élèves français scolarisés en collège public sont inscrits à la cantine. Un chiffre en nette hausse depuis 20 ans (+15 points depuis 1996). Mais cette situation laisse apparaître « une réelle disparité d’accès selon les catégories socioprofessionnelles des parents », peut-on lire.

Un élève sur quatre en REP ne mange pas à la cantine

Si, en moyenne, 29 % seulement des collégiens ne sont pas inscrits à la cantine, c’est le cas de près de 59 % d’entre eux en éducation prioritaire. Dans les collèges classés en REP+, seul un élève sur quatre est inscrit au restaurant scolaire.

Plus généralement, au-delà de ces disparités selon le type d’établissement, en éducation prioritaire ou pas, « des inégalités sociales d’accès à la restauration touchent tous les élèves », pointe le rapport. En moyenne, au collège, les élèves issus de familles défavorisées sont deux fois plus nombreux (40 % d’entre eux) à ne pas manger à la cantine que les élèves issus de familles favorisées (22 %) et très favorisées (17 %).

Pas assez de modulation tarifaire en fonction du revenu

En cause : les politiques tarifaires individualisées, liées aux ressources des familles, qui ne sont pas systématiquement mises en place. En effet, les collectivités territoriales, responsables de la politique de restauration, ne pratiquent pas toujours de politiques tarifaires adaptant mécaniquement le prix du repas aux ressources des familles.

Ainsi, 55 % des établissements du second degré déclarent qu’il n’existe pas une politique tarifaire spécifique pour leurs élèves les plus démunis. Seuls 22 % des écoles proposent une grille pouvant aller jusqu’à la gratuité.

Selon le rapport, le prix moyen d’un repas facturé aux familles est de 3,30 € dans les établissements publics du second degré (5,40 € dans le privé). Ces prix de restauration facturés aux familles sont certes nettement inférieurs aux coûts réels, mais « ne sont pas négligeables pour des familles défavorisées, et en particulier pour les familles nombreuses ».

Des repas équilibrés à la cantine

Du coup, de nombreux élèves ne sont pas inscrits à la cantine, faute de moyens financiers. Or, le rapport pointe le rôle essentiel du déjeuner dans la journée d’un élève. Des études ont en effet montré que les élèves, notamment les plus défavorisés, bénéficiant d’un déjeuner nourrissant et équilibré sont plus attentifs et dans de meilleures conditions pour apprendre que les élèves ne bénéficiant pas d’un repas équilibré. Un impact sur les résultats scolaires a été mis en évidence, ainsi qu’un recul de l’absentéisme lié à des maladies. Des études montrent également l’existence d’un lien entre la fréquence des repas pris à la cantine et la protection contre le surpoids et l’obésité.

De fait, si les enfants qui ne sont pas inscrits à la cantine mangent tout de même le midi, il y a fort à parier qu’ils n’ont pas accès à un repas équilibré à prix réduit, tel que celui proposé par les restaurants scolaires. Ce qui pose un problème d’égalité d’accès à une alimentation équilibrée.

Le rapport montre d’ailleurs que dans les cantines, des produits frais et de saison sont utilisés de manière régulière. Cependant, malgré des efforts de modernisation, les restaurants scolaires utilisent encore peu de produits locaux et bio, et proposent rarement une alternative végétarienne.