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Académie européenne des Sciences

Homéopathie : des experts européens la jugent inefficace

Par Jonathan Herchkovitch

Aucune preuve ne démontre l'efficacité des médicaments homéopathiques, confirme l'Académie européenne des Sciences. Elle recommande l’arrêt de leur remboursement.

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Les Français plébiscitent l’homéopathie. Ils en sont même les champions du monde : alors qu’ils ne représentent qu’1 % de la population mondiale, ils consomment 20 % des médicaments homéopathiques vendus. Plus de la moitié avouent y avoir recours. Malgré ce succès, la discipline souffre de son manque de légitimité pharmacologique.

Ses détracteurs, qui représentent la quasi-totalité de la communauté scientifique, fustigent son principe pseudo-scientifique. Cette réticence est désormais officiellement partagée par l’Académie des Sciences européenne (EASAC), qui affirme dans un communiqué que, même s’il peut y avoir, « parfois », un effet placebo, il n’y a « aucune preuve robuste et reproductible de l’efficacité des produits homéopathiques, quelle que soit la maladie ».

Inefficace, et dangereuse

L’EASAC estime donc que seul l’effet placebo peut expliquer l'efficacité des médicaments homéopathiques, et que toutes les études montrant un intérêt pharmacologique sont mal conçues, mal réalisées ou biaisées. Le groupe de travail à l’origine de cet avis, composé de scientifiques en provenance de toute l’Europe, va même plus loin.

Il estime que « l’homéopathie peut être dangereuse, en dissuadant les patients ou en retardant le recours à une prise en charge médicale basée sur des preuves scientifiques, et en détériorant la confiance du public en ces preuves ». Les experts font sans doute, en partie, référence au décès d’un garçon italien de 7 ans il y a quelques mois.

Soigné uniquement avec de l’homéopathie, l’enfant avait succombé des suites d’une simple otite. L’homéopathie n’est pas directement mise en cause, mais l’avait détourné d’un traitement efficace.

Inefficace, mais remboursée

Malgré ce manque de preuves scientifiques, les médicaments homéopathiques jouissent en France d’un statut de médicament, sans ses contraintes. Ils ne sont ainsi pas soumis à une autorisation de mise sur le marché (AMM). Ils auraient d’ailleurs bien du mal à en obtenir une, puisque celle-ci repose en partie sur la preuve scientifique d’un bénéfice thérapeutique contre placebo, ce qu’ils ne parviennent pas à obtenir.

Ces produits sont en revanche remboursés par l’Assurance maladie, à hauteur de 30 %, lorsqu’ils font l’objet d’une ordonnance. Certaines mutuelles le prennent également en charge par forfaits annuels, voire à 100 %. Une situation que condamne l’Académie européenne des sciences.

« Les budgets des systèmes de santé publique sont soumis à une pression croissante, rappelle l'avis. Se basant sur les preuves, ils ne devraient pas proposer de remboursement pour les produits et services homéopathiques tant que leur efficacité et leur sûreté ne sont pas démontrées par des études rigoureuses ».

Inefficace, mais utile ?

Pourquoi la France continue-t-elle de rembourser l’homéopathie ? Sans explication officielle de l’Assurance maladie, on peut supposer que cet investissement, qui ne représente finalement que 0,4 % de son budget (mais tout de même plus de 50 millions d’euros par an), permet de faire des économies sur d’autres médicaments.

C’est l’un des arguments des défenseurs de l’homéopathie. En France, il est pour de nombreux patients presque inacceptable de sortir d’une consultation sans prescription. Les médicaments homéopathiques permettraient de remplir une ordonnance vide, limitant ainsi le recours inutile à de vrais médicaments. Ce qui, d’un point de vue sanitaire et économique, est intéressant. Une boîte de granules coûte rarement plus qu’un ou deux euros.

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Homéopathie : les Français en raffolent