La carence en vitamine D est accusée de tous les maux. Sa supplémentation, à l’inverse, associée à de nombreux bienfaits. Dans les deux cas, le niveau de preuves laisse à désirer. Mais il est une affection qui livre des résultats de plus en plus consistants : l’asthme. D’après une revue de la littérature parue dans le Lancet Respiratory Medicine, la supplémentation améliore le contrôle de la maladie de manière significative.
Les sept essais cliniques analysés pour cette publication ont comparé l’efficacité de la vitamine D par rapport à un placebo. L’objectif, comprendre si cette stratégie permet d’éviter les crises d’asthme, souvent causées par des pathologies respiratoires.
Et les résultats sont concluants. Le taux de crises nécessitant une prise de médicament a chuté de 30 % grâce à cette supplémentation. Les exacerbations graves de la maladie sont, elles aussi, mieux maîtrisées. Le risque de faire une crise menant aux urgences est divisé par deux. Environ 3 % des volontaires sous vitamine D ont dû se rendre à l’hôpital, contre 6 % sous placebo.
Pas d'excès de calcium
Certains asthmatiques auront plus de chances de tirer les bénéfices de la supplémentation. Les auteurs de cette étude évoquent « un effet protecteur fort et statistiquement significatif chez les participants qui ont un faible taux de vitamine D ». De fait, la protection des crises d’asthme est encore plus marquée chez ces patients. Un élément déjà soulevé par une revue Cochrane en 2016.
Mais en France, distinguer les patients selon leur taux de vitamine D est difficile. En 2013, la Haute Autorité de Santé (HAS) a jugé le dosage inutile chez la plupart des personnes. L’examen sanguin n’est donc plus remboursé.
Les chercheurs font toutefois preuve de sérénité. Au cours de l’étude, aucun cas d’hypercalcémie n’a été détecté, et les effets secondaires n’étaient pas plus nombreux que dans le groupe sous placebo.
La piste de l'inflammation
La supplémentation en vitamine D reste prise en charge par l’Assurance maladie, à hauteur de 65 % par ampoule. Cette stratégie pourrait donc s’avérer intéressante pour réaliser des économies sur les dépenses liées à l’hospitalisation. Mais pour cela, ces résultats devront être reproduits.
La population concernée restera de toute façon limitée. Les volontaires étaient surtout atteints de formes légères à modérées de l’asthme. « Les enfants et les adultes avec un asthme sévère étaient mal représentés, nos résultats ne peuvent donc pas être généralisés à ces groupes de patients », reconnaît le Dr David Jolliffe, premier auteur de l’étude.
Reste une question majeure : comment la vitamine D peut-elle protéger des crises d’asthme ? Elle serait capable de favoriser l’efficacité du système immunitaire face aux virus respiratoires, responsables d’aggravation de la maladie. D’autres équipes ont suggéré que ce traitement limite l’inflammation des voies respiratoires.