Hormis les lits, le tissu a quasiment disparu des hôpitaux. Et pour cause : l’heure est maintenant à la lutte contre les infections nosocomiales. Chaque année, l’hospitalisation se solde par un tel événement pour 5 % des patients.
Mais une initiative de l’université de Leeds (Royaume-Uni) pourrait signer le retour des textiles dans les couloirs. Un prototype, présenté dans le Journal of Hospital Infection, y a été mis au point. Il contient un gel hydro-alcoolique qui désinfecte les poignées de porte à chaque usage.
1 000 poussées maximum
Le tissu mis au point dissimule un dispositif complet. A l’intérieur du sachet en plastique sont inclus un réservoir de gel hydro-alcoolique et une membrane composée de valves. A chaque fois que la port s'ouvre, le dispositif est activé et le gel envoyé vers la surface du textile. Celui-ci se désinfecte de lui-même, en quelque sorte.
En phase de test, le prototype se montre plutôt efficace. Les chercheurs ont sélectionné les trois bactéries les plus souvent impliquées dans les infections nosocomiales : le staphylocoque dorée (S. aureus), E. coli et E. faecalis. A chaque fois, 72 prototypes ont été testés et comparés au matériau le plus utilisé, l’aluminium.
Par rapport aux surfaces habituelles, le textile limite considérablement la population bactérienne. La réduction est de l’ordre de 90 %, selon les tests. La durée de vie de ce système reste étroite. Au bout de 1 000 poussées – soit environ 7 jours – l’ensemble du dispositif doit être renouvelé.
Un complément
Cette alternative pourrait toutefois s’avérer préférable à l’aluminium – déjà largement utilisé dans les hôpitaux en raison de ses propriétés antibactériennes. Son efficacité serait équivalente à celle du cuivre, à un coût bien moindre. Mais il est possible de faire mieux, selon les chercheurs de l’université de Leeds.
De fait, les portes constituent encore le maillon faible de la chaîne d’hygiène dans les hôpitaux. Il faut dire que le nombre de mains qui s’y appuient est considérable… et de ce côté, le sérieux laisse à désirer.
Un gel hydro-alcoolique en complément pourrait combler, au moins en partie, la brèche créée par le manque d’hygiène des mains. « Une étude a démontré une corrélation inverse entre le volume de gel utilisé et l’incidence des infections sanguines à staphylocoque doré résistant à la méticilline dans les hôpitaux d’Angleterre et du Pays-de-Galles », précisent les auteurs de l’étude.
Un savon pas sans risque
L’objectif n’est pas pour autant de remplacer le lavage des mains, mais plutôt de fournir une approche complémentaire. « Les échanges avec le personnel d’entretien montrent que des stratégies de nettoyage des portes sont en place ; un remplacement des poignées pourrait donc être intégré dans les pratiques d’entretien », estiment les chercheurs.
Des études l’ont montré par le passé : le lavage des mains ne suffit pas à assurer la sécurité des patients hospitalisés. Malgré les précautions des soignants, les bactéries résistantes s’invitent jusque dans les services néonataux.
Mais le gel hydro-alcoolique ne constitue pas non plus la solution ultime. L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a récemment sonné l’alerte en retirant du marché plusieurs milliers de référence. Rappelant au passage que si ces produits sont très utiles, ils ne sont pas sans risque. Et pas forcément plus efficaces que le savon ordinaire.