Les seniors se méfient du vaccin contre la grippe. Une bonne part d'entre eux craint des effets secondaires graves et doute de son efficacité, d'après le Baromètre Santé 2016. Dans un numéro thématique du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH), Santé publique France revient sur les motifs qui peuvent expliquer la faible couverture vaccinale des personnes âgées dans le pays. Un enseignement précieux alors que la campagne de vaccination vient de démarrer.
Le problème est récurrent depuis 2009 : le taux de protection contre la grippe est insuffisant. Seule la moitié de la population à risque se vaccine. Les autorités sanitaires, elles, rêvent de 75 % d'immunisation. Ce qui permettrait d'éviter environ 3 000 décès liés à la grippe par an.
La crainte des effets indésirables
Seulement voilà, les seniors ont du mal à adhérer à la vaccination anti-grippale. Sans douter de l'intérêt du geste vaccinal, ils sont 13 % à renâcler quand il s'agit de la grippe. Certains facteurs favorisent cette réticence, selon l'analyse de Santé publique France. Par exemple, un sondé sur deux estime que le vaccin peut occasionner des effets secondaires graves. Ceux-ci sont moins susceptibles de se protéger.
A l'inverse, les seniors convaincus des bienfaits du geste préventif sont plus nombreux à y recourir. Penser que le vaccin anti-grippal est efficace, ou que la grippe est une maladie grave, est associé à une meilleure couverture.
Source : Santé publique France
Ces résultats sont édifiants car ils pointent certaines idées reçues qui circulent au sein de la population. Les effets secondaires de la vaccination sont le plus souvent bénins, précise l'agence nationale de santé publique. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) elle-même le souligne : réactions locales, fièvre ou douleurs musculaires sont les signes les plus souvent observés.
Une mortalité historique
Alors, comment convaincre les seniors de se vacciner davantage ? Santé publique France compte bien tirer les enseignements de ce Baromètre. Car il y a matière à travailler. Outre la crainte des effets secondaires, les doutes sur l'efficacité du vaccin sont particulièrement marqués. Or, plusieurs facteurs entrent en jeu.
Si les souches en circulation ne correspondent pas à celles contenues dans le vaccin, celui-ci sera moins efficace. De même, si le virus majoritaire est virulent, les complications seront plus nombreuses. Enfin, les patients âgés seront moins bien protégés, car leur système immunitaire réagit moins bien au geste. Autant d'éléments sur lesquels les pouvoirs publics auraient tout intérêt à insister.
De fait, l'épidémie de grippe 2016-2017 a été particulièrement virulente auprès des seniors. Sept hospitalisations sur dix concernaient une personne de plus de 65 ans, et les patients âgés de plus de 75 ans ont été les plus nombreux à peupler les couloirs. Par rapport aux années précédentes, leur présence était deux fois plus élevée.
Du côté des complications sérieuses aussi, les seniors ont été plus nombreux. A eux seuls, les plus de 65 ans ont représenté deux tiers des cas graves. Et la majorité ne s'étaient pas vaccinés. Résultat : l'épidémie se solde par le plus haut taux de mortalité depuis 2006.