Insulte, vol, agression physique... Les cabinets médicaux ne sont plus épargnés par la violence. En 2016, plus de 960 signalements ont été enregistrés par le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Un chiffre qui ne représenterait que la partie émergée de l’iceberg car de nombreux médecins ne préviennent pas les forces de l’ordre.
Pour lutter contre cette insécurité croissante, l’Observatoire pour la sécurité des médecins conseille aux praticiens d’installer des portes blindées, des caméras dans le hall d’entrée du cabinet, ou encore de demander aux municipalités de surveiller les abords du cabinet grâce aux dispositifs de télésurveillance déjà installés. Les interphones et les visiophones sont aussi des outils recommandés par l’Ordre des médecins.
Mais, pour les médecins isolés dans leur cabinet, ces solutions ne permettent pas d’appeler rapidement de l’aide. L’Ordre des médecins d’Ile-de-France s’est donc rapproché d’une start-up israélienne qui a développé un système d’alerte, baptisé Reporty, capable de prévenir discrètement les forces de polices. Le Dr Jean-Claude Zerat, vice-président du Conseil d'Ile-de-France de l'Ordre des Médecins, espère pouvoir proposer ce dispositif à tous les médecins de France.
Qu’apporte la solution d’appels Reporty ?
Dr Jean-Claude Zerat : Cette application pour smartphone peut être utilisée dans de nombreux domaines. Mais nous avons demandé à la société d’y apporter plusieurs modifications, afin qu’elle puisse s’adapter à la réalité du médecin dans son cabinet ou au domicile du patient lorsqu’il est en visite.
Elle permet, grâce à un moyen discret comme une montre ou un pendentif, de déclencher le téléphone et d’appeler un centre d’appels. Ce qui est très important, c’est que le téléphone reste en veille. Rien ne se passe sur l’écran du téléphone, mais dès que le système est mis en route, le centre d’appels reçoit l’image et le son. Il pourra ensuite évaluer la situation et envoyer des secours si besoin.
Quel est l’avantage de ce système, par rapport à ceux déjà présents sur le marché ?
Dr Jean-Claude Zerat : C’est un système innovant que je n’avais encore jamais vu, et qui surpasse les systèmes d’alarme déjà existants, notamment grâce à sa capacité à enregistrer le son et l’image. On peut imaginer que ces informations pourront être utilisées lors de procédures judiciaires.
À partir de la fin de l’année, la société proposera également une géolocalisation en 3D. C’est très intéressant, car cela permettra de savoir à quel étage et dans quelle pièce se trouve le médecin. À ma connaissance, Reporty est le seul à pouvoir le faire.
Le prix est aussi un atout puisqu’on estime qu’il ne coûtera que 2 à 4 euros par médecin et par an s’il est installé chez 20 000 praticiens. Un système d’alarme classique peut grimper jusqu’à 50 euros par mois, ce qui fait une sacrée différence. L’Ordre régional d’Ile-de-France est dores et déjà en train de chercher des financements auprès du Conseil régional et de l’Agence régionale de santé (ARS). L’Ordre est également prêt à prendre en charge une partie.
Quand allez-vous le déployer ?
Dr Jean-Claude Zerat : Nous ne sommes qu’au début du processus. Le système nous a été présenté en juin, puis fin septembre à l’ensemble des référents sécurité. À cette occasion, nous avons testé le dispositif et pu démontrer que le son et de la vidéo pouvaient être transmis à des centaines de kilomètres.
Nous devons aussi décider de qui s’occupera du centre d’appels. À ce titre, j’ai demandé un entretien auprès du ministère de l’Intérieur ainsi que du Préfet de police de Paris.