L’évènement est rare, et les syndicats comptent sur ce fait pour envoyer un message politique fort au gouvernement. Les praticiens hospitaliers (PH) rejoignent la grève des fonctionnaires le mardi 10 octobre.
Ils souhaitent notamment faire entendre leur voix sur la détérioration de leurs conditions de travail et la perte de pouvoir d’achat qu’ils subissent. Dans un communiqué de presse, ils dénoncent le gel du point d’indice des fonctionnaires, qu’ils subissent aussi, mais surtout l’augmentation de la CSG, le rétablissement du jour de carence, et la réforme de leurs points de retraite.
La hausse de CSG non compensée
En 1984, un praticien hospitalier touchait, en début de carrière, cinq fois le SMIC. Aujourd’hui, il touche 2,8 fois le salaire minimal, rappelle l’intersyndicale de PH Avenir hospitalier. La faute au gel de l’indice des fonctionnaires, qui ne suit donc plus l’inflation, mais pas seulement.
L’augmentation de 1,7 % de la CSG, prévue pour le 1er janvier 2018, ne sera pas compensée. « Elle sera équilibrée pour les fonctionnaires. Elle le sera pour les médecins libéraux. Mais les praticiens hospitaliers n’ont même pas été conviés aux discussions », dénonce le Dr Max-André Doppia, président d’Avenir hospitalier, contacté par Pourquoidocteur.
Selon le syndicat, les contraintes budgétaires qui pèsent sur les hôpitaux publics de santé entravent les recrutements et l’attractivité des carrières. Et le salaire n’est pas le seul point noir pour les syndicats. Un jour de carence en cas d’arrêt maladie a été rétabli. « Les médecins s’arrêtent très peu, et s’ils le font, c’est quand ils sont vraiment très malades. Ils ne prennent pas des arrêts maladie à 38 °C de fièvre. C’est inacceptable », s’indigne le Dr Doppia.
Des droits entamés
Quatrième point développé par les praticiens hospitaliers : la retraite. N’étant pas réellement fonctionnaires, ils sont rattachés à l’Ircantec, une institution de retraite complémentaire pour les agents contractuels du public. Or, une réforme est venue supprimer les points de retraite sur les comptes épargne-temps (CET) des médecins, sur lesquels ils peuvent épargner leurs heures supplémentaires, ensuite convertissables en repos ou en argent.
« Personnellement, je n’ai pas pu prendre de jours de congé, et j’ai demandé à être rémunéré des heures de mon CET, explique le Dr Doppia. La réforme étant rétroactive au 1er janvier 2017, je vais donc perdre des points de retraite. » C’est aussi le cas de l’essentiel des PH, qui travaillent en moyenne 54 heures par semaine.
"Il en va de l’intérêt des patients"
« Au-delà de ces éléments précis, le vrai motif de notre grève tient dans l’expression de notre colère face à la dégradation de l’hôpital public. Sa performance est là, et est reconnue, mais nous travaillons dans des conditions de moins en moins acceptables. Il en va aussi de l’intérêt des patients », conclut le Dr Doppia.
Sur le taux de suivi de la grève, le président d’Avenir hospitalier semble se faire peu d’illusions, car l’hôpital doit continuer à fonctionner, et le fera, de toute manière, avec les praticiens non titulaires et les intérimaires, qui sont de plus en plus nombreux à l’hôpital. Mais il espère que le message fort que les PH souhaitent envoyer sera bien reçu par le gouvernement.