Les révélations sur Monsanto n’en finissent plus. Alors que la justice américaine a déclassifié les notes du géant de l’industrie phytosanitaire, deux médias néerlandais ont mis la main sur un nouveau document très compromettant pour la firme.
Dans un PowerPoint daté de juillet 2008, Monsanto a lui-même établi un lien entre son produit phare, le glyphosate qui rentre dans la composition du célèbre Round Up, et un sur-risque de cancers. « Le Roundup influence une des phases cruciales de la division cellulaire, ce qui pourrait à long terme mener au cancer », écrit ainsi la firme, dont les documents sont révélés par le magazine Knack et le périodique néerlandais OneWorld.
Secret de polichinelle
Les documents évoquent également les travaux d’un biologiste français, Robert Bellé, professeur émérite de l'université Pierre-et-Marie-Curie et spécialiste de la division cellulaire. En 2002, le scientifique démontrait dans une étude parue dans la revue Chemical Research in Toxicology que le Roundup pouvait endommager l’ADN des cellules, dans des dosages bien inférieurs à ceux qu’utilisent les agriculteurs et jardiniers amateurs.
Récemment, le journal Le Monde s’est également plongé dans les « Monsanto Papers ». La lecture des documents a permis de démontrer l’entreprise de désinformation menée par Monsanto afin de gagner du temps et de semer le doute sur le glyphosate. Dès 1999, la firme s’inquiétait de la toxicité du désherbant.
Le glyphosate a été classé parmi les substances « probablement cancérigènes » par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) en mars 2015, avant que cet avis ne soit désavoué par les agences sanitaires européennes. Celles-ci ont jugé dans deux rapports récents que le glyphosate ne présentait pas de danger pour la santé humaine.
Décisions imminentes
La presse a toutefois démontré que des passages entiers de l’analyse de l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) avaient été copiés-collés depuis un rapport émanant de Monsanto. Ce qui, forcément, suscite le doute quant à la fiabilité scientifique de ses conclusions.
Les Etats membres réunis au sein de la Commission européenne doivent se prononcer dans les prochaines semaines sur une éventuelle réautorisation du glyphosate pendant dix ans. La France s’est opposée à cette proposition, mais le débat entre le ministère de l’Agriculture et celui de la Transition Ecologique et Solidaire ne semble toujours pas tranché.
Début octobre, des parents ont porté plainte en France contre le fabricant de pesticides. Ils estiment que le glyphosate qu’ils ont utilisé pendant la grossesse est responsable des malformations de leur fils. Théo, 10 ans, vit avec une trachéotomie et va bientôt subir sa 52e opération.