Des inquiétudes entourent l’avenir professionnel de nombreux travailleurs outre-Manche. C'est le cas à la City, le centre financier londonien. À la suite de l’annonce du Brexit, des banques ont déjà annoncé – ou réalisé – un transfert d’une part de leur personnel vers d’autres places européennes. Le système de santé britannique (NHS) risque, lui aussi, d’être touché par la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE).
La BBC a analysé l’évolution des effectifs du NHS depuis 2015, et noté une tendance inquiétante. Le personnel étranger en provenance de l’UE se réduit : l’île attire de moins en moins, et les résidents européens sont de plus en plus nombreux à faire leurs valises.
Le NHS peine à recruter
En 2015, 5,6 % du personnel quittant le NHS était représenté par des ressortissants de l’UE. Depuis le début de l’année 2017, ils sont 7,4 %. En même temps, les Européens sont moins nombreux à rejoindre les différents établissements de santé. En deux ans, leur proportion a diminué de 10 à 8 %.
« Cette analyse confirme désormais les anecdotes rapportées par nos membres, notamment dans le Sud-Est du pays, commente Danny Mortimer, de la Cavendish Coalition, représentant les organisations de soins britanniques. Nos membres peinent à recruter. »
Cette tendance est encore plus marquée chez les infirmiers, qui représentaient 7,6 % des départs en 2015, et 11,5 % en 2017. D’après les informations de la BBC, certaines cellules de recrutement en Europe ont même cessé leurs activités, en raison du manque de réponses.
Les infirmiers en première ligne
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque d’attractivité, d’après les experts interrogés. Des inquiétudes quant à l’avenir économique du Royaume-Uni, certainement, mais pas seulement. La perspective de pénuries de personnel pourrait aggraver le manque, dans une sorte de prophétie auto-réalisatrice. Le taux de change entre la livre et l’euro, de plus en plus désavantageux, diminue l’intérêt financier des Européens à venir travailler sur l’île. De nouvelles conditions de recrutement des infirmières étrangères, portant notamment sur la maîtrise de l’anglais, pourraient aussi avoir joué un rôle.
« Pendant les négociations du Brexit, Theresa May doit rassurer les infirmiers en provenance de toute l’Europe que le NHS a besoin d’eux, et qu’il les accueillera à bras ouverts, estime Janet Davies, directrice du Royal College of Nursing, l’équivalent de l’Ordre des infirmiers. Il ne survivrait pas sans leur contribution. »
Inquiétude sur la qualité des soins
Cette analyse du média britannique tombe quelques jours après la publication d’un rapport annuel de la Commission sur la qualité des soins (CQC), dans lequel les experts s’inquiètent de pénuries de personnel du NHS. Ils y soulignent en particulier une hausse de 16 % du manque de personnel en deux ans seulement, malgré une augmentation des effectifs de 4 %.
L’occupation des lits hospitaliers est en hausse, et le NHS souffre d’un manque d’infirmiers à domicile grandissant : dans la même période, leur nombre a chuté de 4 000, alors que la demande, qui accompagne l’épidémie de maladies chroniques, est en hausse.
« Nous allons devoir faire face à une chute de la qualité de services offerts aux patients, et cela pourrait même signifier que la sécurité de certains d’entre eux pourrait être compromise », s’inquiète Sir David Behan, directeur du CQC.