La vaccination ne fait plus l’unanimité en France. Une personne sur deux n’est pas favorable au geste lui-même, d’après le Baromètre Santé 2016. Les derniers résultats de cette enquête sont publiés dans un numéro thématique du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, publié par Santé publique France ce 16 octobre.
L’agence nationale de santé publique acte l’existence d’un doute persistant dans le pays. Au cœur des doutes, l’intérêt de l’obligation vaccinale qui devrait être élargie en 2018. Passer de 3 à 11 vaccins, ça ne va pas de soi pour les Français. Santé publique France a donc élaboré un dossier pédagogique à destination des familles.
Une concertation ouverte
Le document aborde les bases de la vaccination – comment obtenir une protection collective, comment s’élabore la stratégie de couverture vaccinale –, mais aussi quel est l’intérêt individuel de chaque vaccin.
Ce dossier est plus nécessaire que jamais à la lumière des résultats du Baromètre Santé 2016. Surtout quand les réponses sont mises en parallèle avec les entretiens menés lors de la concertation citoyenne sur la vaccination, publiés pour la première fois.
« A la veille du débat parlementaire sur l’obligation vaccinale, il est apparu important, d’une part, de publier dans le BEH les résultats de ces travaux qui ont éclairé le comité d’orientation de la concertation citoyenne et, d’autre part, de présenter les arguments de nature épidémiologique qui montrent l’importance d’une amélioration de la couverture vaccinale des jeunes enfants », explique François Bourdillon, directeur de Santé publique France.
Les anciens vaccins soutenus
Les vaccins ne font pas l’objet d’une approbation universelle. Quatre Français sur dix se disent défavorables à une ou plusieurs vaccinations. Celle contre la grippe saisonnière arrive en tête des critiques, suivie de celles contre l’hépatite B et les papillomavirus.
De fait, malgré le mauvais niveau de connaissance des civils, ceux-ci maintiennent leur confiance envers les vaccins les plus vieux. Ainsi, DTP et ROR restent relativement épargnés par ce phénomène, bien que les doutes progressent. Cela se reflète bien dans les entretiens menés à l’occasion de la concertation collective.
Parmi les 12 groupes de Français interrogés, la quasi-totalité se dit favorable au DTP, actuellement obligatoire. Ils sont également nombreux à se tromper, pensant que le ROR est lui aussi imposé à la population. A tort. Mais si ces vaccinations sont aussi bien perçues, c’est aussi parce que l’intérêt collectif de ces souches est reconnu.
Pour l’obligation
Concernant les souches plus récentes, en revanche, les personnes interrogées se montrent plus divisées. En l’absence d’unanimité du corps médical, en présence de polémiques, les Français commencent à émettre des doutes. Le vaccin anti-HPV fait partie de ceux-ci.
Autre source de confusion, la coexistence de l’obligation et de la recommandation. Elle est manifestement mal comprise, puisque les sondés estiment que recommandé égale facultatif. Ils ont d’ailleurs tendance à penser que ces vaccins protègent contre des maladies moins graves et sont moins utiles.
Reste que dans l’ensemble, la plupart des Français se disent favorables au principe de la vaccination et de l’obligation. Pour preuve, la majorité d’entre eux s’oppose à une levée d’un tel principe.
>> Consultez notre fiche thématique : Vaccins, d’autant plus efficaces si l’ensemble de la population est vacciné
Les médecins généralistes montent au front
« Nous serons au rendez-vous », assure Raphaël Lozat, du Collège de Médecine Générale. Auteur d’un article du BEH, le généraliste estime que ses confrères doivent assumer leur rôle : échanger avec la population sur l’intérêt de la vaccination. De fait, cette profession constitue la première source d’information du grand public, loin devant les autorités sanitaires.
Seulement, un médecin sur deux reconnaît avoir des difficultés quand il parle de vaccination avec ses patients. Le premier problème, selon Raphaël Lozat, réside dans la complexité du système. Mais « persuader, c’est avant tout comprendre », estime-t-il. Et c’est pourquoi les généralistes devraient faire l’effort d’intégrer l’origine des doutes de leur patientèle.
Raphaël Lozat ne s’arrête pas là : il invite ses confrères à utiliser les nouveaux outils mis à leur disposition par les pouvoirs publics. Car améliorer leurs propres connaissances permettra de faire évoluer celles des autres. L’industrie a aussi son rôle à jouer, conclut le généraliste. Sans une meilleure disponibilité des vaccins, et l’assurance d’en finir avec les ruptures de stock, il sera difficile de passer des paroles aux actes.