La rouille est l’ennemie de la tuyauterie. Cela vaut aussi dans les centrales nucléaires… L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) alerte sur l’état « dégradé » des tuyaux de pompage de 29 réacteurs sur les 58 que compte le parc nucléaire français. Des portions entières de tuyaux sont rongées par la rouille et les pompes d'eau froide pourraient cesser de fonctionner en cas de séisme ou d'inondations, explique l'ASN dans un communiqué.
Le problème est jugé suffisamment grave pour le classer au niveau deux sur l'échelle internationale des événements nucléaires (Ines), qui compte sept niveaux. Cela n'était pas arrivé depuis cinq ans.
Diminution de l'épaisseur des parois
Ces tuyaux sont indispensables. Ils permettent de récupérer l'eau autour de la centrale et de la transporter jusqu'au cœur des réacteurs qui ont besoin d'être refroidis en permanence. A cause de la rouille, l'épaisseur de la paroi de nombreux tuyaux a diminué et ces derniers pourraient ne pas résister en cas d'événements violents.
En cas d'accident, comme un séisme par exemple, le risque est donc qu'elles ne résistent pas. Or, si elles se rompent, la station de pompage pourrait être inondée, le réacteur ne serait alors plus refroidi, et un accident nucléaire pourrait se déclarer. C’est ce qui s’est passé à Fukushima.
Une maintenance urgente
Les 29 réacteurs concernés se trouvent dans les centrales de Belleville-sur-Loire, Cattenom, Chinon, Cruas, Dampierre-en-Burly, Golfech, Nogent-sur-Seine, Paluel, Saint-Alban et Saint-Laurent-des-Eaux. L'ASN précise que neuf autres réacteurs sont touchés par un risque de perte partielle de la source froide, relevant du niveau 0 de l'échelle Ines.
Ces tuyaux vont être changés, assure EDF qui gère la maintenance de ces installations vieillissantes. Mais l'ASN presse l'entreprise de mieux s'y prendre. Car la maintenance est d'autant plus essentielle qu'il est question actuellement de prolonger la durée de vie des centrales au delà de 40 ans.