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Journée mondiale

Ostéoporose : seule l’ostéodensitométrie fait le diagnostic

Par le Dr Jean-Paul Marre

L'ostéodensitométrie, ou densitométrie osseuse, est la méthode de référence pour mesurer la densité minérale osseuse.

GILE/SIPA

L'ostéodensitométrie mesure la densité minérale osseuse des os, c'est-à-dire leur contenu minéral. Il s’agit d’un examen radiologique indolore, très peu irradiant (le dixième d’une radiographie du poumon) et rapide (moins de 15 minutes) qui se déroule sur une machine spéciale en position allongée.

Cette mesure est réalisée principalement sur deux parties du corps : la colonne vertébrale lombaire et le col du fémur. Le poignet n’est plus mesuré que dans certaines maladies comme l’hyperparathyroïdie, liée à un hyper-fonctionnement des glandes situées en arrières de la thyroïde et qui régulent le calcium dans le sang et donc sa sortie de l’os.

L'ostéodensitométrie évalue le risque fracturaire

L’os est constitué de 2 composantes : une partie minérale, le cristal osseux, et une partie constituée d’une trame faite de protéines. Pour faire simple, l’os est « comme un toit » fait d’une « charpente en protéines » sur laquelle viennent se poser des « tuiles qui sont les cristaux osseux ». La solidité de l’os est liée bien sûr à la quantité de matériaux, et donc au poids, qui va faire la densité osseuse, mais aussi à la façon dont il est construit, l’architecture de la charpente, et à la qualité des matériaux. C’est l’ostéodensitométrie qui est l’examen qui va mesurer avec précision le « poids total de la charpente et des tuiles ».

La partie minérale de l'os, qui contient surtout du calcium mais aussi du phosphore, détermine la masse osseuse et expliquerait 70 à 80 % de la solidité des os. La « qualité de l’os », qui est en rapport avec la qualité de la trame protéique osseuse, la qualité du cristal osseux et l’architecture interne de l’os serait, elle, responsable de 20 % à 30 % de la solidité osseuse. Les anomalies de la qualité osseuse expliquent néanmoins pourquoi certaines personnes qui ont une densité osseuse basse ne se fracturent pas forcément et pourquoi d’autres qui ont une densité osseuse peu abaissée se fracturent pour un traumatisme minime. Mais, au final, l’évaluation du risque de fracture réalisé par l’ostéodensitométrie est plus précise que l’évaluation du risque cardiovasculaire à partir du cholestérol !

L'ostéodensitométrie permet de situer le niveau de risque

Les mesures de densitométrie sont fiables si les machines sont régulièrement calibrées et surveillées. Cette évaluation quantitative permet d’estimer la résistance osseuse à partir de la mesure précise de la densité osseuse. L'ostéodensitométrie permet de comparer la densité minérale osseuse mesurée à une valeur de référence dans la même population (même ethnie), au même âge et pour le même sexe.

Cela permet de calculer un premier indice, le « T score » qui est la comparaison entre la densité mesurée chez la personne et la densité osseuse moyenne pour la population à l’âge de 30 ans, âge où la densité osseuse est à son maximum (« pic » de masse osseuse).

A côté du T score, on s’intéresse au « Z score » qui est la comparaison de la densité osseuse mesurée par rapport à la densité moyenne dans la population des femmes (ou des hommes) du même âge.

Le T score donne donc une idée de la perte osseuse par rapport au pic de masse osseuse alors que le Z score donne une idée de la normalité ou de l’anormalité de la mesure (il est normal de perdre de l’os quand on vieillit, reste à savoir si c’est en excès ou pas).

L’Organisation Mondiale de la Santé a fixé des repères

Le T score permet de classer les personnes évaluées dans une catégorie selon la classification de l’OMS :

 

L’ostéodensitométrie sert pour une décision de traitement

Une ostéoporose densitométrique est classiquement définie pour un T score inférieur à -2.5 ds sur l’un des 3 sites suivants : rachis lombaire, col fémoral ou fémur total. Ce seuil diagnostique n’est cependant pas un seuil de mise en route d’un traitement anti-ostéoporotique (« seuil d’intervention thérapeutique »).
La décision de mise en route du traitement est déterminée en fonction du « risque global de fracture » qui dépend à la fois :

Et, dans les situations limites, de l’estimation du risque absolu de fracture à partir du score FRAX®.

L'ostéodensitométrie n'est donc utile que chez les personnes qui ont des facteurs de risques médicaux d'ostéoporose.

On peut refaire une ostéodensitométrie

Une deuxième ostéodensitométrie peut être proposée trois à cinq ans après la réalisation de la première, en fonction de l'apparition de nouveaux facteurs de risque. Il peut également être utile de la répéter lorsqu'un traitement contre l'ostéoporose est mis en route et que l'on veut en surveiller l'efficacité. Dans ce cas, compte tenu des contraintes de la technique et du délai d'apparition de l'efficacité du traitement, un délai de deux ans est indispensable entre les deux mesures. L’ostéodensitométrie est prise en charge par l’Assurance Maladie dans certaines indications.

 

Vidéo déroulement de la densitométrie osseuse

https://www.pourquoidocteur.fr/GesteSante/Les-examens/43-Passer-une-osteodensitometrie