Même si les bègues disent s’en moquer, la liste des célébrités qui ont surmonté leur problème est impressionnante : autrefois Moïse, Napoléon, Marilyn Monroe, Winston Churchill, Louis Jouvet, Albert Einstein… et bien évidemment Georges VI, le roi d’Angleterre, superbement interprété par Colin Firth dans « le discours d’un roi ».
Plus près de nous, Bruce Willis, Julia Roberts, François Bayrou ou Albert de Monaco…
Des causes très nombreuses
Sept cent mille bègues en France ! Probablement autant d’épisodes de stress, d’accidents affectifs souvent anodins pour expliquer la genèse de ce trouble du langage. On a évoqué le complexe d’Oedipe, l’angoisse de castration, l’ambivalence entre désir de grandir et attachement… Sans en comprendre, de façon certaine, les causes.
Le bègue ? Un jeune garçon gaucher…
Incontestablement, cela touche plus de garçons que de filles, de gauchers que de droitiers, d’enfants que d’adultes et il y a des familles de bègues ; mais édicter des règles est le premier piège, car d’aucune utilité pour le traitement.
On ne naît pas bègue, on construit son bégaiement à partir des efforts que l’on fait ou que l’on a fait pour l’éviter, en se battant ou en poussant sur les mots qui ne veulent pas sortir ; ces efforts deviennent une habitude puis un réflexe.
Si la médecine n’arrive pas à expliquer les causes, il y a toutefois une explication technique : les bègues réagissent au stress en resserrant les muscles de leurs cordes vocales. Comme il en connaît trop bien les conséquences, le bègue évite de bégayer… en ne parlant pas en public. Car tout seul, en monologuant, il parle parfaitement et sans hésitation. C’est pour cette raison que la moquerie devient désastreuse, car sous les sarcasmes, le trouble s’accentue.
Un iceberg de communication
On compare souvent le bégaiement à un iceberg, les troubles de la parole n’en représentant que la partie émergée, la plus grosse est invisible : ce sont les troubles de la communication et du comportement.
Appréhension en public, peur d’être mal compris, de gêner les autres. D’où des attitudes propres aux bègues : la respiration irrégulière et le regard fuyant pour ne pas lire dans les yeux de l’interlocuteur la gêne qu’il suscite. La honte les paralyse et ils font d'énormes efforts pour cacher leur handicap. S’y ajoute un sentiment de culpabilité doublé de la frustration d’être incapable de communiquer efficacement. Résultat : une très mauvaise estime de soi-même et surtout un cercle vicieux, difficile à briser sans en prendre conscience. Tous ces éléments cachés de la personnalité tendent à renforcer les difficultés d'élocution, si bien qu'une thérapie se concentrant seulement sur le mécanisme de la parole a peu de chance de réussir, alors que plus la rééducation est démarrée tôt, plus elle est spectaculaire en efficacité et rapidité.
Il n’y a pas de statut de la personne bègue. Pour ne pas s'enfermer dans "le sois bègue et tais-toi", une seule stratégie, reprendre confiance. Le moyen le plus simple mais malheureusement pas le plus connu, est de se traiter soi-même, avec un maître mot : comprendre son bégaiement. C’est la méthode la moins coûteuse et la plus efficace pour guérir : 30 minutes à une heure par jour, à faire des exercices simples. Les améliorations importantes de l’élocution arrivent en quelques semaines et le bégaiement s’élimine en quelques mois. Il ne faut pas hésiter à s’aider de livres ou des conseils d’un orthophoniste. Il existe aussi des centres spécialisés qui proposent différents types de thérapies. Mais il faut garder à l'esprit que le bégaiement ne peut pas être éliminé du jour au lendemain et considérer avec beaucoup de méfiance les méthodes prétendant le "guérir" en quelques jours. Le bégaiement est quelque chose que l’on fait… et l’on peut apprendre à changer ce que l’on fait ! Mais cela prend du temps…
Un site à conseiller : www.begaiement.net