Ses symptômes pourrissent la vie de ceux qui souffrent d’un syndrome du côlon irritable ou « colopathie fonctionnelle », mais il y a du nouveau. Chez ces personnes, un régime pauvre en en sucres fermentescibles (pauvre en FODMAP) procure un soulagement notable des problèmes intestinaux et réduit les scores de symptômes validés. Cette réduction est démontrée dans une étude contrôlée et par rapport à un régime-placebo.
La co-administration de probiotiques augmente la diversité de la flore intestinale (le nombre d'espèces de Bifidobacterium dans les selles) sans cependant influer sur les symptômes digestifs. Ce sont les conclusions d’une étude contrôlée parue dans la revue Gastroenterology.
Une double question
Il s’agit un double essai contrôlé selon une technique validée (plan factoriel 2 × 2). Elle a été réalisée chez 104 personnes (âgés de 18 à 65 ans) souffrant d’un syndrome de l’intestin irritable au Royaume-Uni.
Les patients ont tiré au sort entre un groupe ayant reçu des conseils pour suivre un régime-placebo ou un groupe avec régime pauvre en glucides fermentescibles (un régime pauvre en FODMAP = fructose, lactose, mannitol, sorbitol…) pendant 4 semaines. Le tirage au sort concernait également la supplémentation de la ration quotidienne en probiotiques, ce qui a permis d’obtenir 4 groupes : (27 recevant un régime-placebo et un placebo de probiotique, 26 recevant un régime-placebo / un probiotique, 24 recevant un régime pauvre en FODMAP / placebo de probiotique, et 27 recevant un régime pauvre en FODMAP / un probiotique).
Des conseils diététiques ont été donnés à tous les patients, et des données sur les aliments consommés et la conformité des régimes adoptés par rapport aux régimes recommandés ont été recueillies, ce qui garantit la qualité des résultats.
Intérêt du régime sur les problèmes digestifs
Dans l'analyse réalisée sur les personnes qui ont suivi leur régime, une proportion significativement plus élevée de celles sous régime pauvre en FODMAP a un soulagement adéquat de leurs problèmes digestifs (61 %) par rapport au groupe sous régime-placebo (39 %) (P = 0,042). Ces données sont confirmées par l’analyse de l’évolution des scores internationaux (IBS-Severity Scoring System).
Intérêt limité des probiotiques
Si l’on n'observe pas de différence de l’intensité ou de la fréquence des symptômes digestifs entre les personnes qui ont reçu des probiotiques et celles qui ont reçu un placebo, la mesure de la diversité de la flore intestinale et en particulier des espèces de Bifidobacterium, qui est plus faible dans les échantillons fécaux des patients sous régime pauvre en FODMAP, est plus élevée chez les patients ayant reçu des probiotiques. Le régime pauvre en FODMAP n'a aucun impact sur la diversité du microbiote dans les échantillons fécaux.
Validation d’une hypothèse ancienne
Il s’agit d’une des premières études contrôlées versus placebo à démontrer un bénéfice d’un régime pauvre en glucides fermentescibles sur les symptômes du côlon irritable, mais il n’est pas possible dans cette étude de faire la différence entre ce qui revient à la restriction de l’ensemble des sucres fermentescibles (fructose, mannitol, lactose, sorbitol…) et à la restriction isolée du lactose. L’apport des probiotiques est associé à une augmentation de la diversité des espèces de Bifidobacterium dans les selles mais cette augmentation de la diversité de la flore intestinale ne semble pas avoir d’interaction particulière avec la symptomatologie.
Limiter les sucres fermentescibles est donc susceptible d’améliorer de nombreux symptômes (douleur, ballonnements, flatulences, impériosité) chez au moins une partie des personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable.