55.000 morts tués par l’alcool chaque année en France. « C’est le deuxième drogue qui tue », ajoute Amine Benyamina. Une situation qui scandalise ce psychiatre et addictologue de l’hôpital Paul Brousse à Villejuif. Il a publié un ouvrage en septembre dernier, « Comment l’alcool détruit la jeunesse, la responsabilité des lobbies et des politiques », aux éditions Albin Michel.
L’affaiblissement de la loi Evin est au coeur de ce livre. Votée en 1991, elle a pour but initial de lutter contre le tabagisme et l’alcoolisme, mais au fur et à mesure des années, elle a été vidée de sa substance, selon ce médecin. Plusieurs modifications ont été adoptées, la loi Santé 2016 réautorise, par exemple, la mise en avant de certains produits alcoolisés, selon la région de production ou selon un savoir-faire particulier. Le résultat de la pression des lobbys pour ce spécialiste.
Le binge drinking, une pratique répandue
Les jeunes sont souvent poussés à la consommation excessive, comme le binge drinking, la « beuverie express ». « Le binge drinking est un phénomène qui a été très largement provoqué par l’intervention des lobbys », indique Amine Benyamina. Les lobbys ont sponsorisé des soirées étudiantes, offert des objets avec leur logo. Surtout, ils adaptent leur offre en proposant certains types d’alcool: « On peut trouver des pré-mélanges, des boissons alcoolisées très sucrées, du rosé pamplemousse ou sucette par exemple, tout ça, ça permet d’attirer une clientèle qui n’est pas habituée à l’alcool. ».
Aujourd’hui, l’addictologue demande aux autorités publiques de réagir. « On veut une politique de prévention claire, que la Loi Evin retrouve son esprit de départ, c’est-à-dire une loi qui encadre la publicité pour protéger les personnes vulnérables, et une augmentation de la taxation de l’alcool. » Amine Benyamina indique qu’en France, l’alcool coûte 120 milliards d’euros à l’Etat chaque année. Les taxes, elles, ne rapportent que 3,3 milliards d’euros.