Depuis quelques années chaque grosse affaire médiatique d’agression sexuelle se termine par des excuses et une cure de désintoxication pour addiction sexuelle. Est-ce une réalité, ou un moyen de passer devant un tribunal, comme victime de ses propres démons ? Pour les psychiatres, l’addiction au sexe et l’agression sexuelle sont deux notions bien distinctes. Un point s’impose.
Qu’est-ce que l’addiction sexuelle ?
L’addiction ou dépendance sexuelle est une fréquence excessive, croissante, et non contrôlée d’un comportement sexuel. Les thérapeutes français le diagnostiquent à partir du moment où la personne ne peut contrôler ses désirs et comportements sexuels. L’addiction peut se traduire par différents comportements, comme la masturbation, les rapports sexuels, la pornographie, la multiplication des partenaires, le sexe rémunéré. Comme tout trouble mental, il associe souffrance, perte de liberté, handicap social, et risque de maladie et ou de mort prématurée.
A quoi est due l’addiction sexuelle ?
L’origine exacte demeure incertaine, cependant plusieurs pistes peuvent être évoquées.
Des facteurs de risque environnementaux : attachement insécure, antécédents d’abus sexuel dans l’enfance, sentiments consécutifs de honte et de blessure de l’estime de soi.
Des facteurs de risque psychopathologiques : troubles de l’estime de soi, dépression, troubles de l’humeur et troubles anxieux.
Des désordres neurobiologiques : sur-activation du système de récompense du cerveau comme dans les autres addictions, ou secondaire à la prise de certains médicaments ou drogues : L-dopamine (maladie de parkinson), et amphétamines par exemple.
Pourquoi la défense des agresseurs ne tient pas ?
L’élément essentiel est que dans l’addiction, le plaisir sexuel est dénué de toute conséquence négative pour son environnement. Le consentement des partenaires, la liberté sans contrainte sont toujours présents. Une obsession, fut-elle forte n’empêche pas le contrôle de la pulsion. L’agresseur ne peut donc utiliser cet argument pour se dédouaner.
Dr Christiane Barois interrogée par le journal sud-ouest résumait les choses de la façon suivante : « pour prendre un exemple simple, un alcoolique ne vas pas dévaliser un magasin d’alcool juste parce qu’il a besoin de boire. Un homme accusé par des douzaines de femmes belles et célèbres d’agressions sexuelles n’a pas le profil d’un addict, mais celui d’un pervers ».
Comment savoir si je suis addict au sexe ?
D’après certaines études on estime que cette addiction touche environ 7% des femmes et 14% des hommes.
Il n’existe pas de test diagnostique précis, mais certains questionnaires permettent de savoir quand il peut être utile de consulter un professionnel.
L’outil PEACE (adaptation en langue française)
- Trouvez-vous que vous êtes souvent préoccupé par des pensées sexuelles ? (Pensées)
- Cachez-vous certains de vos comportements sexuels à votre entourage (partenaire de vie, famille, ami(e)s proches...) ? ((Entourage)
- Avez-vous déjà recherché de l'aide pour un comportement sexuel que nous n'appréciez pas de faire ? (Aide)
- Est-ce que quelqu'un a déjà été heurté émotionnellement à cause de votre comportement sexuel ? (Conséquences)
- Vous sentez-vous contrôlé par votre désir sexuel ? (Contrôle)
- Vous sentez-vous triste après être passé à l'acte sexuellement (rapports sexuels, internet, autres) ? (Emotions)
Si vous obtenez un score supérieur à 3 : une évaluation pour addiction sexuelle est recommandée.
Quelles sont les autres troubles de la sexualité ?
Il existe d’autres comportements sexuels anormaux ou paraphilies (de l’étymologie para : à côté de et, philos : amour) qui peuvent être associés ou non à une addiction sexuelle. Cependant il faut bien tenir compte que ces comportements « Déviants » le sont par rapport à la norme fixée par la société à un moment donné. Ils peuvent donc évoluer dans le temps et les époques.
Voici quelques une des paraphilies
- Fétichisme
- Transvestisme
- Pédophilie
- Exhibitionnisme
- Voyeurisme
- Trouble du masochisme sexuel
- Trouble du sadisme sexuel
Rassurez-vous, certains de ces comportements ne sont considérés comme anormaux que lorsqu’ils entraînent une souffrance importante, perturbent considérablement le fonctionnement quotidien, ou nuisent à une autre personne. Le sadomasochisme consenti et sans impact néfaste sur la vie sociale par exemple n’est pas un trouble de la sexualité.