Dimanche, à 2 h, il sera 1 h... « Bonjour l'heure d'hiver » !! Même si notre nuit dure une heure de plus, ça va grogner, ça va se plaindre... Et qu'on est fatigué... Et que ce changement d'heure nous tue... Et que les enfants encaissent mal...
JFL : La médecine de tous les jours aurait tendance à trouver que c’est dans la tête. En tout cas, bien disproportionné pour ce qui peut paraître un détail… Mais il existe une nouvelle discipline de la médecine, que l’on appelle la « chronobiologie », qui fait de notre horloge interne un outil un peu plus sophistiqué qu’on ne le pense. Et des études suggèrent que ce changement d’heure serait même plus perturbant que le décalage horaire des voyages « est – ouest » que certains d’entre vous ont déjà dû expérimenter.
On change d'heure 2 fois par an... Une fois dans un sens, une fois dans l'autre : les conséquences sont les mêmes dans les 2 cas ?
JFL : En fait, le plus mauvais est celui de l’été. Parce qu’il nous prive d’une heure de sommeil, à la différence de celui de dimanche qui en rajoute une. Et puis celui-ci s’effectue en période de vacances scolaires, donc avec la possibilité de se recaler tranquillement. Une seule étude, suédoise, dit qu’il y aurait une augmentation des crises cardiaques dans les trois jours suivant le passage à l’heure d’été contre 5 % de moins lors du passage à l'heure d'hiver… Il n’y a pas d’études similaires dans notre pays, même si de nombreux médecins constatent, chaque année, une augmentation de la consommation de somnifères et de tranquillisants dans les quinze jours qui suivent le changement d’heure ; plutôt l’été d’ailleurs.
Est-ce que l’on n’en fait pas un peu trop ? Ça arrive à tout le monde de se coucher une heure plus tard, ou de dormir une heure de moins qu'à l'accoutumée de temps en temps... Et on s'en remet très bien ?
JFL : Ce n’est pas du tout pareil ! Ce que vous évoquez est ponctuel. « De temps en temps », comme vous dites. Le lendemain, vous reprenez vos habitudes. Là, ça se répète tous les jours, et il faut du temps pour assimiler ce changement. Curieusement, ce sont les « couche-tôt » ou les « lève-tôt », réglés comme du papier à musique, qui ne supportent pas bien… Ils ont pourtant la chance d’avoir une horloge interne bien réglée. Je devrais dire des horloges, parce qu’elles sont plusieurs à gérer tout notre fonctionnement.
Ça veut dire qu'on a en fait une horloge pour les repas, une pour le sommeil, une pour le travail ?
JFL : Oui ! Ainsi qu’une pour les sécrétions de nos hormones, ce qui explique pourquoi certains dérèglements de ces horloges sont faciles à constater. Par exemple les insomnies toujours à la même heure, les dépressions nerveuses saisonnières ou, tout simplement, la prise de poids à période fixe. Cela traduit un mauvais fonctionnement de nos rythmes internes.
Vous avez quelques conseils pratiques à nous donner, pour nous les adultes, mais peut être aussi pour les enfants ?
JFL : Les conseils classiques, et surtout pas de médicaments !
Pendant une semaine, évitez l’exercice physique et les excitants après 15 heures, profitez-en pour revoir un peu le confort de la chambre (virez la télé par exemple), aérez, et puis surtout couchez-vous dès que vous en avez envie.
Pour les enfants, il aurait fallu depuis deux jours essayer de perdre ou de prendre une demi-heure, selon le changement. Pour eux et les personnes âgées, c’est un peu plus dur. Prévenez-les de faire attention en faisant du sport, à l’école car, comme pour la conduite automobile, les accidents seront plus nombreux cette semaine…
Bon, on ne va pas non plus en faire tout un schmilblick. Et de toute façon, on n’a pas le choix. En une dizaine de jours, cela sera réglé pour tout le monde…