Un matin, vous constatez que vous avez de la peine à rentrer dans vos chaussures. Pourtant, vos pieds ne sont pas enflés… On pourrait penser que c’est banal car c’est par exemple ce qui arrive lors d’un long voyage en avion ou d’une station debout trop prolongée… Mais c’est ensuite au tour de votre bague, de votre chapeau ou d’une paire de gants d’être un peu trop serrés… Enfin, dernier détail intrigant, un ami que vous n’avez pas vu depuis longtemps vous fait remarquer que votre nez, vos oreilles, ont grandi…
C’est l’histoire de Pinocchio !
Rien de romanesque, mais plutôt une maladie spectaculaire par ses symptômes, bien qu’assez banale dans ses causes : l’acromégalie. Cette maladie est le résultat de l’augmentation de la sécrétion par notre hypophyse de l’hormone qui gère la croissance, une toute petite glande de moins d’un gramme située à la base du crâne. Rattachée au cerveau, elle secrète des hormones de croissance mais régule également la sécrétion de la cortisone, d’une grande part des hormones de la fertilité, la régulation de la rétention d’eau et le mécanisme de la production de lait au moment de l’allaitement.
Un travail donc colossal pour une si petite glande
Cette glande minuscule, lorsqu’elle se dérègle, fait payer très cher l’addition. La curiosité est que cela peut survenir à n’importe quel âge. Chez l’enfant, la taille va être la première manifestation. Autrefois, celui qui en souffrait se transformait inéluctablement en géant, ce que l’on ne voit plus aujourd’hui grâce à l’efficacité du traitement. Chez l’adulte, cela se traduira par un épaississement des os courts et plats, ce qui explique toutes les manifestations précédentes. Et on passe souvent à côté !
La cause, chez les adultes, est le plus souvent une tumeur heureusement bénigne. Alerté par les modifications de votre morphologie, votre médecin n’aura aucune difficulté pour faire le diagnostic : une simple prise de sang, qui montrera l’augmentation du taux de l’hormone de croissance, et un scanner, qui confirmera l’origine. Il ne faut pas laisser évoluer l’acromégalie car, en dehors des modifications du physique, des complications cardiaques vont survenir.
Le traitement consiste à enlever la tumeur par une intervention chirurgicale assez simple.
Les résultats sur la morphologie sont spectaculaires transformant Quasimodo en Prince Charmant comme à l’aide d’une simple baguette magique.
Si l’hormone de croissance n’est pas assez sécrétée, c’est l’inverse qui se produit
L’inverse de l’acromégalie est ce que l’on appelle le nanisme harmonieux.
On peut donner des médicaments ; dans le cas de l’acromégalie, on doit freiner ou arrêter cette sécrétion. Dans le cas du nanisme, on a prescrit avec justesse l’hormone de croissance, mais vous vous souvenez certainement du scandale des hormones de croissance. Ce n’est pas le principe du traitement qui était en cause, plutôt l’origine de ce médicament qui provenait d’hypophyses prélevées sur des cadavres, dans des pays peu scrupuleux, majoritairement dans des hospices, chez des gens contaminés par le prion et atteints d’une maladie de Creutzfeld-Jacob, ce qui a causé 117 décès, essentiellement chez des enfants... Aujourd’hui, heureusement tout cela est très encadré.
C’est peut-être anecdotique, mais on parle de l’utilisation de cette hormone chaque année au moment du tour de France au rayon dopage… Il se murmure qu’elle améliorerait les capacités des sprinters. Elle est aussi utilisée clandestinement comme médicament anti-âge ; il semble que certains effets soient spectaculaires ; c’est interdit, mais là, les candidats de plus de 80 ans se mettent à rire quand on leur dit que cela peut être dangereux pour leur santé.