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Infections nosocomiales

On meurt plus « de l’hôpital » que « de la voiture »

Par le Dr Yann Maël Le Douarin

Se laver les mains, voilà bien un geste banal (ou qui devrait l'être...). Mais voilà on ne le fait pas assez ! Y compris les professionnels de santé ; et ça peut entrainer de lourdes conséquences pour la santé des patients

SimpleFoto/Epictura

Cela n’a rien d’une fantaisie. On meurt plus “de l’hôpital” que “de la voiture, de ce que l’on appelle les « infections nosocomiales ». Ce sont envirron 4000 décés patients par ans comparé à environ 3500 de mort en voiture.
Et parmi les causes, les mains douteuses de certains personnels de santé ont une très  grande part de responsabilité. Il existe des parades pour que les choses s'améliorent vraiment, et il y a même des solutions techniques, parfois étonnantes. Le point avec Dr Yann Le Douarin
 

C'est un des drames des hôpitaux : il arrive qu'au lieu de nous guérir, ils nous rendent malade...  

YLD : Si l’on doit juger sur les chiffres, la réponse est incontestablement oui, car près d’1 malade sur 20 en sort avec une infection, qu’il n’avait pas au moment de rentrer en milieu médical. Plus grave, ces infections tuent chaque année plus que les accidents de la route.
Avant d’essayer de comprendre pourquoi, il faut apporter une précision de poids : on n’entre pas dans une clinique ou un hôpital comme on prend la route du week-end. Il ne faut pas oublier la maladie et les dizaines de milliers de vies sauvées chaque année dans nos hôpitaux.

Les problèmes d'hygiène, ça commence par les mains

YLD : Les mains sont notre instrument principal de contact, pour manipuler les malades mais aussi tous les objets que l’on injecte, que l’on pose comme des sondes ou les cathéters. Elles doivent donc être d’une propreté irréprochable. La solution, Pasteur a commencé à l’appliquer, il y a 100 ans. Et son combat pour les mains propres, car c’est lui le premier qui en a compris l’intérêt,  n’est pas totalement gagné puisque les recommandations officielles mettent encore aujourd’hui en première ligne ce lavage.

Quels problèmes ça peut poser ? On attrape quoi comme maladie ?

YLD : C’est ce que l’on appelle, vous avez déjà entendu mille fois ce nom incompréhensible, les infections nosocomiales. Ce sont des maladies dues à des microbes que l’on n’attrape qu’à l’hôpital. Vous entrez sans ces microbes, vous repartez avec et les infections graves qu’ils provoquent, parce que la nature qui va malheureusement plus vite que la recherche médicale, crée des microbes qui, habitués à se battre à l’hopital, sont devenus résistants à la plupart des antibiotiques.

La contamination se fait d’abord par le personnel hospitalier qui, certes, entre dans la chambre avec sa compétence mais également parfois avec les miasmes du voisin.

Comme l'information ne suffit pas, dans certains établissements, on va désormais fliquer les personnels soignants ?

YLD : Oui, ça se passe aux  Etats-Unis où le chiffre officiel de morts par ces infections est 90 000 par an. Pour faire respecter ce lavage pourrait sauver des milliers de vies et des milliards de dollars, une filiale d’IBM vient de présenter un modèle de puce de radio-identification capable de surveiller le comportement des soignants.

C'est quoi cette expérimentation ?

YLD : L'installation du dispositif est très simple. Pour tester l'efficacité du produit, IBM a équipé les deux étages d'un hôpital de l'Ohio avec un réseau de 100 capteurs dans les couloirs, les portes, et dans les stations de lavage des mains. Tous les médecins et infirmiers on été  équipés d'une puce, permettant au réseau d de suivre leurs mouvements autour de l'hôpital. Résultat, si un hospitalier entre dans la chambre d'un patient, sans au préalable se laver les mains, la faute du professionnel sera directement transmise au serveur central.

A la fin de la journée, ce même serveur central effectue un « rapport de conformité. » qui indique en fait le niveau moyen de respect des consignes d'hygiène pour chaque professionnel de santé en fonction de son poste. D'après les premiers résultats, la moitié des professionnels de santé seulement se lave correctement les mains.

On connaît le taux de lavage des mains dans notre pays ?

YLD : On disait 80%, mais c’était du déclaratif. Chez les médecins, censés donner l’exemple, des observateurs indiscrets mais malicieux ont noté qu’à la sortie des toilettes d’un grand congrès médical, seuls 20 % des hommes et 30 % des femmes avaient eu recours au savon pour restituer à leur instrument de travail - la main - la propreté exigée !