Quelle que soit l’origine sociale ou la culture « la mort et l’enfant » posent aux adultes un problème souvent insoluble. Elle fait partie de la vie et, même si l’on voulait la cacher, les cours de récréation, ou tout simplement la télévision, sont là pour rappeler à l’enfant qu’elle existe et qu’elle obsède les adultes.
Le savoir de l’enfant sur la mort
Les parents pensent que leurs enfants ne savent rien de la mort. Erreur, ils n’en parlent pas, uniquement parce qu'on les empêche d’en parler. L’adulte méconnaît le savoir de l’enfant sur la mort, tout comme il méconnaît son savoir sur la sexualité. Car pour les parents, c’est parce qu’il est « non soumis au sexe et à la mort », au contraire de papa et maman, que l’enfant serait heureux...
Pourtant il existe une règle sur laquelle tous les spécialistes sont d’accord : « Ne jamais mentir… Mais, par contre, ne pas être brutal ». La vérité doit être exprimée avec douceur et simplicité. Car les questions arrivent tôt.
Une information en fonction de l’âge
Vers deux ou trois ans. En grande partie à cause des grand-parents que l’enfant trouve vieux et il évoque la disparition de l’un des deux. La réponse doit alors l’assurer que le décès n’est qu’un « sommeil sans besoin, sans souffrance ».
Ensuite, entre trois et cinq ans, l’enfant prend conscience de sa propre mort. Que répondre à l’inéluctable question : « Quand est-ce que l’on meurt ? »Si l’on en croit la psychanalyste Françoise Dolto, il faut dire que « l’on meurt quand on a fini sa vie »...
Vers sept-huit ans, les questions sont moins nombreuses, mais attention, les cauchemars traduisent les premières vraies angoisses cachées.
Enfin, plus tard, à la question « Pourquoi faut-il mourir ? » la réponse « parce que c’est la vie » est sans doute insuffisante et la religion s’est donc vite empressée de construire des images plus rassurantes. A chaque parent l’appréciation de ce que l’on doit raconter.
Lorsque survient un décès dans la famille, il y a confrontation avec la mort. Les gros mensonges du type : « maman est partie pour un très long voyage », ne font qu’augmenter l’angoisse de l’enfant. Il ne faut pas éluder et répondre sans tricher car, citons encore Françoise Dolto : « Il faut que la réalité demeure dans les mots de la réalité ».
Dr Jean-François Lemoine