L'immunothérapie est le plus grand espoir de traitement dans le cancer. Pour faire simple, on mise sur les capacités insoupçonnées que possède chacun de nous, pour lutter contre les cellules ennemies, en boostant nos défenses immunitaires.
L’étude publiée par la revue Science est un travail de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif. Elle concerne des patients qui étaient traités dans des formes de cancers graves du poumon de la vessie et du rein, là où leur efficacité suscite le plus d’espoir dans des maladies parfois désespérées.
Les antibiotiques gênent les médicaments d’immunothérapie
Parmi eux, ces malades, près de 30% avaient pris des antibiotiques, les maladies infectieuses sont en effet fréquentes chez ces malades chroniques plus sensibles aux microbes. On sait depuis longtemps que les antibiotiques, tout en tuant les microbes dangereux, agissent aussi sans discernement sur les bons microbes qui aident l’homme à vivre… La prise d’antibiotique chez ces malades à fait disparaître un de ces microbes qui paraît essentiel pour « aider au succès de l’immunothérapie ». Une nouvelle d’importance et à prendre en considération puisque, comme a conclu le Dr Bernard Routy qui a lancé ces travaux, "La composition du microbiote est un facteur prédictif de réussite du traitement"
Le secret de l’intestin
Depuis plusieurs années le corps médical prend la mesure de l’importance de notre microbiote. C’est vrai que le contenu de l’intestin est plus complexe que l’homme. On a cessé de considérer qu’il n’était qu’un vulgaire tuyau alors que c’est un véritable organe qui, non seulement gère la digestion, la production de vitamine ou encore notre immunité, mais aussi abrite un monde microscopique dont on commence à percer le secret.
On doit au docteur Joël Doré chercheur de l’INRA, à Jouy-en-Josas, d’avoir révélé l’intimité du microcosme qui habite notre intestin ; Cent mille milliards de « bons » microbes, d’un poids total de 2 kilos, sans qui la digestion des fibres mais surtout, l’éducation du système immunitaire, notre système de défense contre les agressions extérieures et sans qui la vie n’est pas possible. Ces bactéries sont aussi de gentils soldats qui se battent quotidiennement contre les microbes agressifs apportés par notre alimentation et responsables de la plupart des infections de l’homme. Alors qu’on avait découvert que 23000 gènes constituaient le patrimoine humain, on dénombre déjà dans le microbiote plus de trois millions de gènes ! Plus de 150 fois la taille du génome humain, ce qui confère à l’intestin une certaine forme d’intelligence, qu’on lui niait.
Le monde divisible en trois catégories d’humains
Les chercheurs n’étaient cependant pas au bout de leurs surprises. Il apparaît en effet possible de trier toutes l’humanité en seulement 3 groupes « génétiques » caractérisés chacun par un réseau d’espèces bactériennes.
On ne nait pas en appartenant à un de ces trois groupes. On le rejoint dans les premières années de la vie, en fonction de ce que l’on mange. La diversité culturelle alimentaire aurait pu aboutir à des dizaines de profils : il n’en est rien et la découverte est de taille ! Sans que l’on en ait la preuve formelle, il est probable que la modification de ces trois profils soit à l’origine de plusieurs grandes, et il est raisonnable d’imaginer une piste thérapeutique efficace et surtout bon marché : par la diététique. Cela explique que lorsque le dialogue entre nos bactéries et l’organisme est perturbé, l’immunité et les défenses naturelles sont les premières victimes, expliquant ainsi que les symptômes ne sont pas que digestifs et le retentissement souvent à distance de l’intestin.
http://science.sciencemag.org/content/early/2017/11/01/science.aan3706