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La planète en surpoids

Le grignotage est l’ennemi de la perte de poids

Par le Dr Jean-François Lemoine

La science n’a pas démontré avec certitude que manger fait grossir. En revanche, ne pas manger fait maigrir. Le moyen le plus simple, pour être certain de diminuer les apports, est d’interdire, de façon absolue, le grignotage.

Kzenon/epictura

Plus aucun pays, même les plus pauvres n’échappent à l’obésité. Les explications sont multiples mais dans les pays industrialisés, le grignotage est le principal facteur d’obésité.

Si on veut perdre du poids, il faut d'abord manger moins...  Mais continuer à manger varié !  Tous ceux qui prétendent le contraire mentent. C’est le drame de quelques régimes dramatiques qui conseillent la consommation à volonté d’une seule catégorie d’aliments. Cela ouvre la porte à des carences et surtout au régime « yo-yo » : je perds un peu et je reprends beaucoup.

Deuxième règle absolue le moyen le plus simple, pour être certain de diminuer les apports, est d’interdire, de façon absolue, le grignotage… Il est le principal facteur d’obésité des pays industrialisés. C’est un fait de notre société : tous ceux qui sont en surpoids grignotent. Devant la télévision, en réponse à la sollicitation de la publicité ou des enseignes de fast-foods. Dès le retour à la maison, avant de s’écrouler devant l’écran, ou entre deux programmes, la visite au réfrigérateur est le premier réflexe des « gros » … Le plus souvent, debout et à une vitesse impressionnante.

Manger à heure fixe

Pour perdre du poids, on doit prendre ses repas plutôt à heures fixes, mais on peut prendre 4 voire même 5 repas ! Selon une étude portant sur 46000 enfants de leur pays, des chercheurs finlandais ont constaté que faire « trois repas plus deux collations par jour » pouvait réduire le risque chez les enfants à risque.

Malheureusement, les industriels de l’agroalimentaire ont vite compris l’enjeu économique colossal que représentait le grignotage. Ce marché du « cinquième repas permanent ». Mettre à la disposition des grignoteurs des aliments, d’accès et de consommation faciles, répondant si possible à notre goût inné du sucré et à ce qui donne du goût à nos aliments, la graisse. Grasses et sucrées, vous reconnaîtrez les barres chocolatées, pâtes de fruits, micro charcuteries que proposent toutes les grandes surfaces en linéaires monstrueux. Ces produits sont sous l’influence de la mode ; ce qui les rend redoutables et difficiles à combattre.

Un autre facteur qui entre en ligne de compte, la tentation et son arme majeure : la pub télé, quasiment une incitation permanente au grignotage...  Surtout chez l’enfant, en déclenchant un signal de faim anormal, c’est-à-dire en dehors du rythme habituel de prise d’aliments. Sensation de faim, fringale, grignotage : le cercle vicieux s’installe. C’est, avec l’inactivité, la principale explication de l’épidémie d’obésité, en particulier infantile, qui sévit aux Etats-Unis

Lorsque l’on s’aperçoit que le grignotage est trop fréquent, il faut organiser ce que l’appelle une « collation ». C’est psychologiquement très important, parce qu’on organise alors un vrai repas, ce qui est beaucoup moins culpabilisant.

Plus on attend plus on mange

En France, la collation à l'école a pratiquement disparu. Pourtant, cette étude ne remet pas vraiment en cause la stratégie adoptée. En effet, si depuis 2004, la collation n'est plus obligatoire dans les établissements scolaires, les instructions données n'étaient pas la suppression pure et simple de ce petit casse-croûte. En revanche, les écoles qui décident de la maintenir doivent la proposer aux élèves dès leur arrivée à l'école maternelle ou élémentaire et, dans tous les cas, au minimum deux heures avant le déjeuner. Avec le moins de sucre ou de matières grasses possible.

Si l’on a faim brutalement, il faut aller manger quelque chose tout de suite, parce que c’est une compulsion alimentaire qui a déjà une certaine gravité. Quand on est à ce stade, il ne faut pas attendre, parce que plus on attend, plus on mange !