Le corps de Gérald Babin, candidat de Koh-Lanta décédé la semaine dernière d'une crise cardiaque au Cambodge lors du tournage du premier épisode de la 16e saison du jeu, a été autopsié le 29 mars à l'Institut médico-légal de Paris. Selon RTL, le jeune homme de 25 ans ne souffrait d'aucune anomalie cardiaque ou vasculaire. Gérald ne présentait donc, a priori, aucune pathologie susceptible d'avoir causé son décès, annonce la radio qui insiste sur le fait que ces résultats sont partiels. L'autopsie devra bien évidemment être complétée par une batterie d’examens radiographiques, toxicologique dont les résultats ne seront connus que dans quelques jours.
Pourtant, une question reste toujours en suspens. Comment peut-on expliquer ces phénomènes de crise cardiaque chez des sujets sans élément annonciateur? Des décès tragiques qui ont déjà frappé des sportifs de haut niveau, notamment des footballeurs célèbres (Marc-Vivien Foé, Antonio Puerta). Pour les cardiologues, ces morts subites de sportifs en effort sont souvent dues à toute une série d'anomalies qui, chez le jeune, sont rarement dépistées. Des phénomènes aussi violents qu'imprévisibles que le Dr Alain Ducardonnet, cardiologue et membre des cardiologues du sport nous explique.
Les anomalies rarement dépistées
Dr Alain Ducardonnet. « Le plus souvent ces anomalies correspondent à deux cas de figure. Le premier, c'est celui des anomalies cardiaques qui n'ont pas été dépistées et qui sont congénitales. La plus fréquente est une épaisseur anormale du muscle cardiaque, c'est-à-dire une cardiomyopathie hypertrophique. Et quand on a un muscle cardiaque anormal, cela donne des troubles du rythme et on peut en mourir lors des efforts. Il peut y avoir d'autres anomalies comme des anomalies congénitales du positionnement de la coronaire.
On peut aussi évoquer les anévrismes cérébraux qui « pètent » lors d'un effort.
Ces anomalies chez les jeunes sont rarement dépistées sauf chez les sportifs de très haut niveau pour lesquels on fait des échographies systématiques » .
L'autopsie qui ne décèle aucune anomalie cardiaque ou vasculaire
Dr Alain Ducardonnet. « Ces autopsies dites blanches ne révèlent, en effet, aucune anomalie cardiaque ou vasculaire, elles correspondent le plus souvent à des anomalies rythmiques. Il n'y pas eu de mort du muscle cardiaque qui pourrait faire penser à un infarctus. Alors, le diagnostic le plus fréquent (par défaut car le sujet est mort), dans ce cas, c'est celui des anomalies électriques du muscle cardiaque qui peuvent être liées à des courts-circuits et qui vont déclencher un trouble du rythme mortel, c'est-à-dire soit une tachycardie ventriculaire, soit une fibrilation ventriculaire.
A cause de ces anomalies électriques à un moment donné, une mosaïque de risques apparaît. Il suffit par exemple que les personnes soient très stressées, qu'elles soient éventuellement déshydratées ou dans une atmosphère extrêmement chaude. Tous ces éléments conjugués au mauvais moment et avec une toute petite susceptibilité électrique du rythme cardiaque vont donner une désynchronisation qui correspond à ce moment là, à une mort subite.
Dernier point , cette anomalie rythmique peut se déclencher lorsque la personne a contracté quelques jours avant la grippe ou une infection. Ce syndrome dit inflammatoire touche le plus souvent le myocarde. Et dans ce cas, il peut là aussi provoquer un trouble du rythme. En effet, cette zone inflammatoire peut créer une désynchronisation et donc une mort subite par trouble du rythme ».
Comment éviter ces accidents?
Dr Alain Ducardonnet. « Il y a une règle qu'il faut donner pour le grand public qui fait du sport, c'est de ne jamais pratiquer une activité physique quand on est enrhumé, quand on a une grippe ou de la fièvre. De plus, avec un électrocardiogramme, on peut détecter un certain nombre d'éléments, notamment certaines anomalies électriques. Donc faire un électrocardiogramme ça reste rentable pour un sportif ».