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Infections du nourrisson

Le probiotique c’est bien, le symbiotique c’est mieux

Par le Dr Jean-Paul Marre

Un important essai clinique contrôlé révèle qu'un « symbiotique » peut aider à prévenir les infections graves et moins graves du nourrisson

FamVeldman/epictura

La septicémie est une affection généralisée potentiellement mortelle chez le nouveau-né, en particulier dans les pays en développement. La combinaison d’un probiotique et d’un prébiotique pourrait aider à prévenir cette infection.
Un nouvel essai randomisé en double aveugle, contrôlé par placebo révèle qu’un « symbiotique », c’est-à-dire la combinaison d'un probiotique, constitué d'une souche de Lactobacillus plantarum, avec un prébiotique, ici le fructo-oligosaccharide, peut aider à prévenir la septicémie chez les nouveau-nés. C’est la conclusion d’une étude parue dans Nature.
Les chercheurs ont recruté 4556 nouveau-nés en bonne santé et pesant au moins 2 000 g à la naissance, nés à 35 semaines de gestation ou plus, nourris au sein et n'ayant aucun signe de septicémie ou autre morbidité, dans 149 villages indiens choisis au hasard afin de les suivre 60 jours. Les taux de mortalité néonatale et infantile dans les régions étudiées sont parmi les plus élevés en Inde, selon le ministère de la Santé et du Bien-être familial du gouvernement de l'État d'Odisha.

Une combinaison probiotique et prébiotique

Les nourrissons du groupe traitement (n = 2 278) ont pris une dose quotidienne de symbiotique consistant en une capsule contenant 109 unités de Lactobacillus plantarum (ATCC souche 202195) et 150 mg de fructo-oligosaccharide ainsi que 100 mg de maltodextrine comme excipient), alors que le groupe placebo (n = 2 278) a pris des capsules contenant seulement 250 mg de maltodextrine.
La souche probiotique a été initialement isolée à partir de selles de volontaires sains et lorsqu'elle a été administrée à des nourrissons dans une autre étude, elle a colonisé leur intestin avec succès et y est restée jusqu'à 4 mois. Les nouveau-nés qui prenaient le symbiotique présentaient un risque significativement plus faible de sepsis.

Un risque 2 fois plus faible de septicémies sous symbiotique

Seulement 5,4% des nourrissons qui ont pris le symbiotique ont développé un sepsis au cours de leurs 2 premiers mois de vie, comparativement à 9% de ceux qui ont reçu un placebo. Les chercheurs ont calculé que la réduction du risque de septicémie était entre 25-50%.
Certains cas de septicémie chez les nouveau-nés commencent dans l'intestin et le symbiotique peut les éviter en réduisant les micro-organismes pathogènes ou en empêchant les bactéries commensales de pénétrer dans la circulation sanguine et de causer des infections. En plus de prévenir la septicémie, le symbiotique a également réduit le risque d'infections moins graves par les bactéries Gram-positives (de 82%), les bactéries Gram-négatives (de 75%) et la pneumonie et autres infections des voies respiratoires (de 34%).
En ce qui concerne la tolérance et la sécurité, le symbiotique était bien toléré et ne causait aucun effet secondaire nocif. Seulement 6 cas de distension abdominale ont été rapportés dans les deux groupes.

Réduire la consommation d'antibiotiques

C'est le premier grand essai clinique qui démontre les avantages d'un symbiotique pour la prévention de la septicémie chez les nouveau-nés d'un pays en développement. Au-delà de la protection des nourrissons contre les infections graves et moins graves, cette approche permettrait également de réduire la prescription d'antibiotiques, de préserver le microbiote intestinal et de ralentir la propagation des résistances.

Le coût de la prévention est minime (une semaine de symbiotique coute un dollar américain) et l’effet majeur : il suffit de traiter 27 nourrissons pour prévenir un cas d’infection grave.