Le combat contre les microbes, que l’on pouvait espérer terminé, est très loin d’être gagné. C’est même un combat très inégal. Un million de milliards de millions de microbes un peu partout sur notre planète contre 6 milliards et demi d’individus qui croyaient, il y a soixante dix ans, avoir gagné le combat avec la découverte des antibiotiques. Des centaines de milliers de tonnes de ces médicaments ont été déversées dans la nature ou consommées par les humains, sans réserve ni précautions. Conséquence, les bactéries ont mutées et sont devenues résistantes. Un microbe n’est pas un organisme frustre, mais une machine infernale rompue à la guerre totale. Dotée d’une vraie intelligence qui nous dépasse un peu, compte tenu de sa taille et de sa simplicité. Chaque nouvel antibiotique est salué, quelques années plus tard, par la transformation du microbe qui apprends à lui resister. Nos militaires sont moins rapides contre les nouvelles méthodes de guerre…
Si le combat est perdu d’avance, on peut se poser la question de savoir à quoi servent ces spots publicitaires, auxquels personne n’a échappé, et qui prônent la lutte contre la prescription abusive d’antibiotiques ? Ils ont d’abord eu le mérite d’aider le médecin, pour qui le refus de prescrire reste un moment délicat. Aujourd’hui c’est même un peu l’inverse et celui qui donne des antibiotiques, passerait presque pour un ringard. Mais avec le mauvais temps, et le retour des bobos de l’hiver, la demandes des patients reste pressante, en particulier en cas d’angines. Pourtant, le paracétamol, associé à l’aspirine ( seulement chez l’adulte) régle le problème dans 80 % des cas, puisqu’il s’agit d’une angine due à des virus sur lesquels les antibiotiques n’ont aucun effet.
Les antibiotiques restent indispensables
Même s’ils coûtent cher à la collectivité, les antibiotiques sont encore indispensables. Et surtout, la recherche doit se poursuivre. Pour que le génie de l’homme continue à posséder une avance sur le génie du microbe qui, de façon incessante, apprend à résister au point d’avoir rendu certains des plus anciens médicaments totalement inefficaces. Depuis vingt ans, la consommation globale des antibiotiques a diminué de 17% et l’on réfléchit aussi à une nouvelle durée de prescription :les médecins insistaient autrefois sur un minimum de 7 jours mais prescrire mieux et moins, n’est-ce pas donner des produits plus efficaces et moins longtemps ?
En même temps qu’un peut d’ordre soit mis dans l’utilisation médicales des antibiotiques, il faut aussi s’attaquer aux millions de tonnes déversées dans la nature, principalement pour l’élévage des animaux consommés par l’homme. Mais c’est un débat qui échappe au monde de la santé…