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Journée Mondiale de la pneumonie

Un enfant meurt toutes les 20 secondes : 10 questions sur la pneumonie

Par le Dr Jean-Paul Marre

Le 12 novembre, c’est la journée mondiale de la pneumonie, une infection du poumon responsable chaque année d’une véritable hécatombe, alors que le plupart des cas sont largement évitables. 10 questions sur cette maladie.

ANAT GIVON/AP/SIPA
MOTS-CLÉS :

C’est l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui a décrété cette journée du 12 novembre « Journée Mondiale de la pneumonie ». Son but principal est, en effet, de sensibiliser les personnes à un véritable problème de santé publique. En effet, la pneumonie tue chaque année plus que le SIDA, le paludisme et la rougeole réunis : 1,8 million d’enfants de moins de 5 ans décèdent ainsi tous les ans de la pneumonie, soit un toutes les 20 secondes ! Or, il s’agit de décès d'enfants tout à fait évitables si les premiers signes étaient pris en compte à temps et les traitements administrés rapidement.

Qu'est-ce que la pneumonie ?

La pneumonie est une infection des voies respiratoires basses, dans les poumons, au niveau des structures qui permettent les échanges d’oxygène : les alvéoles pulmonaires.
Plusieurs sortes de germes peuvent être responsables : des bactéries, des virus ou plus rarement des parasites et des champignons. Le plus souvent, la pneumonie est due à une bactérie, le pneumocoque. On distingue les pneumonies communautaires acquises en milieu urbain ou rural, des pneumonies nosocomiales acquises à l'hôpital un endroit où les bactéries sont plus souvent résistantes aux antibiotiques.

Quelles sont les causes de la pneumonie ?

La cause la plus fréquente de pneumonie communautaire est une infection à un pneumocoque ou « Streptococcus pneumoniae ». Cette bactérie est responsable de forme grave de la maladie, en particulier chez les personnes âgées, en cas de maladie chronique (asthme, broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO...) et chez les personnes tabagiques.
D'autres germes provoquent la pneumonie : mycoplasme, chlamydia, Haemophilus inflenzae et légionnelle. Certains virus peuvent être en cause : celui de la grippe et le virus respiratoire syncytial. Une infection virale comme la grippe peut être à l'origine d'une surinfection par une bactérie aux conséquences graves.

Comment la pneumonie se transmet-elle ?

Les pneumonies bactériennes communautaires sont peu contagieuses par contact direct, à l’inverse des pneumonies virales. Les germes peuvent éventuellement se transmettre d'une personne à une autre par la toux et les éternuements et par l'intermédiaire d'objets contaminés par la toux ou par les mains.

Quels sont les personnes à risque ?

Quand faut-il évoquer une pneumonie ?

Le plus souvent, la pneumonie débute de façon aiguë :

Il est alors conseillé de consulter rapidement le médecin-traitant.

Comment faire le diagnostic de pneumonie ?

L’interrogatoire permet d’orienter le médecin vers une pneumonie : début brutal avec fièvre et toux productive. L'examen du thorax (bruit mat localisé à la percussion) et l’auscultation des poumons révèle des bruits anormaux lors de la respiration douce : « râles crépitants ».
La radiographie du thorax montre l’existence d'un foyer infectieux et une prise de sang confirme la présence d'une infection (syndrome inflammatoire et augmentation des globules blancs de type polynucléaires neutrophiles). En cas de doute, un scanner peut être réalisé.
En cas de pneumonie nosocomiale ou survenant chez un immunodéprimé, l’identification du germe, et la caractérisation de sa sensibilité à différents antibiotiques (« antibiogramme »), sont fondamentales. L’examen des crachats est un très mauvais examen d’identification de la bactérie du fait de la contamination du crachat par les germes de la bouche. Il faut donc recourir à des prélèvements dans le sang (« hémocultures »), dans les urines (recherche d’antigènes solubles urinaires de légionelles ou de streptococcus pneumoniae) en cas de suspicion de légionellose, à des ponctions de liquide dans la plèvre s’il y en a et surtout à des prélèvements protégés par fibroscopie bronchique à l’intérieur des bronches.

Faut-il consulter en urgence ?

La pneumonie est une maladie qui doit être prise en charge par un médecin sans tarder car elle peut déboucher sur des complications.

Certains signes de gravité peuvent conduire à une hospitalisation en urgence : une fièvre élevée (supérieure à 40°C) ou au contraire basse (inférieure à 35°C), une accélération du pouls à plus de 125 battements par minute, une difficulté à respirer avec une accélération à plus de 30 inspirations par minute, avec coloration de la peau en bleu (« cyanose »), un essoufflement (« dyspnée »), une baisse de la pression artérielle, avec de petites mictions et une baisse de la conscience, surtout si cela se produit chez un malade âgé avec des maladies associées des reins, du foie, du cœur.

Quels sont les facteurs de risque de complications de la pneumonie ?

Les pneumonies sont des maladies potentiellement graves et elles constituent la première des causes de mortalité infectieuse dans les pays développés. La mortalité liée aux pneumonies varie selon le germe responsable et le terrain : âge supérieur à 65 ans, insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral, insuffisance rénale ou maladie du foie, immunodépression, drépanocytose, broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Quel est le traitement ?

Les formes de pneumonies, qui n'ont pas de caractère de gravité, sont traitées au domicile. En l’absence de maladie associée, le traitement est basé sur les antibiotiques de la famille des pénicillines (amoxicilline) et des macrolides (pristinamycine). En cas de maladie associée (« comorbidité »), une association amoxicilline-acide clavulanique est le plus souvent requise. Il s'agit d'un traitement probabiliste, c'est-à-dire que le germe en cause n'est pas recherché et que le traitement est adapté en fonction de la réponse clinique du malade.

Les formes graves de la maladie nécessitent une hospitalisation d’emblée au cours de laquelle le germe responsable est recherché et cultivé afin de déterminer sa sensibilité à différents antibiotiques (« antibiogramme ») : l’objectif est de prescrire une antibiothérapie adaptée, et non plus probabiliste. Les formes les plus sévères sont prises en charge en unités de soins intensifs.

Comment peut-on prévenir la pneumonie ?