Voilà une décision qui pourrait faire jurisprudence. Suite à la plainte de 25 personnes, le tribunal de grande instance de Toulouse condamne le laboratoire pharmaceutique allemand Merck, qui commercialise le Levothyrox, à leur fournir l’ancienne formule du médicament.
En tout, 90 personnes, malades de la thyroïde, ont porté plainte. Mais le tribunal de grande instance de Toulouse s’est déclaré uniquement compétent pour les 25 résidant en Haute-Garonne. C’est la première décision de justice dans cette affaire.
Le PDG France de l’entreprise, Thierry Hulot, fait appel de cette décision. Même s’il réfute l’idée d’un problème d’approvisionnement sur le territoire, il s’engage à importer 200 000 boîtes supplémentaires d’ici à la fin de l’année.
Maux de tête, chute de cheveux et fatigue
Les 90 plaignants font état de graves effets indésirables depuis que le Levothyrox a changé de formule, en mars dernier. Ce qui a changé: les excipients, pas le principe actif du médicament. Par exemple, le lactose a été remplacé par le mannitol. Mais au fond, de quoi se plaignent ces personnes ?
Maux de tête, vertiges, chute de cheveux, crampes, fatigue, problèmes gastriques. Voici une liste, non exhaustive, des effets secondaires racontés par les malades de la thyroïde sous Levothyrox nouvelle génération.
Le problème, c’est qu’il n’existe pas d’autre traitement équivalent en France. Alors, certains vont en Allemagne, par exemple, pour s’approvisionner. D’autres prennent la décision, radicale, d’arrêter de se soigner.
Au moins de juin, une patiente, Sylvie Robache, lance une pétition pour réclamer le retour à l’ancienne formule du traitement. Elle a recueilli, aujourd’hui, plus de 300 000 signatures.
Chacun se renvoie la balle
Chez Merck, pendant ce temps, on fulmine. L’avocat du laboratoire pharmaceutique assure: c’est l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui a imposé ce changement de formule. L’Euthyrox, ancienne version du Levothyrox, était jugé trop instable, notamment à cause du lactose présent dans la composition du traitement. Des perquisitions ont d’ailleurs eu lieu au siège de Merck à Lyon, et au siège de l’ANSM.
Le mois dernier, l’ANSM publie le compte-rendu d’une enquête de pharmacovigilance sur le nouveau Levothyrox. Bilan: les effets indésirables ne sont pas liées à la nouvelle formule en elle-même. Ce serait le changement de traitement qui serait en cause. « Tout changement de spécialité ou de forme peut modifier l’équilibre hormonal et nécessiter un réajustement du dosage », précise l’agence.
Seule solution alors: attendre. Notamment l’arrivée d’un traitement alternatif. En octobre dernier, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a promis l’arrivée de 5 médicaments alternatifs à la mi-novembre. Les malades atteints d’hypo ou d’hyperthyroïdie les attendent toujours.