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Déprime du mauvais temps

Même les pingouins sont dépressifs l’hiver

Par Dr Eric Du Perret

La petite déprime des mois d’hiver est de saison. Pas que chez les humains… Les animaux aussi ont besoin de lumière. Attention à ce qu’elle ne se transforme pas en dépression.

Solent News / Rex Featu/REX/SIPA

 

Vous avez dû le constater autour de vous : les gens ont moins le moral quand le climat hivernal est exécrable, comme c’est en train de s’installer en France depuis quelques jours. On accuse un peu facilement le cerveau de l’homme qui est à tendance très hypochondriaque alors qu’on a fait la démonstration du même phénomène, chez l’animal. Comble de l’ironie… sur des pingouins, pourtant pas spécialement craintifs devant les basses températures. Apparemment ce n’est pas une question de froid, ni de nuit trop longue. En fait ce sont 12manchots d’un sanctuaire marin situé sur la côte nord de la Grande-Bretagne qui ont dus être mis sous médicament anti dépresseurs depuis qu’ils subissaient les mêmes tempêtes inhabituelles que les habitants du coin. Ces manchots étaient originaires du sud Chili où le climat n’est pas meilleur.

Le diagnostic des vétérinaires devant le comportement des pingouins, en particulier leur refus de quitter le chaud de leur tanière, pour rejoindre l’eau qui est leur  milieu naturel et qui est indispensable à leur survie a été formel : dépression nerveuse. Les vétérinaires n’ont pas hésité et les ont mis sous antidépresseurs pour leur sauver la vie.

Que nous disent ces symptômes pour nous, les hommes ?

Rappelons qu’il ne s’agit au début que de déprime, pas de dépression : la déprime c’est une humeur passagère et normale ; Soit à cause du temps, de sa petite amie ou du boulot. C’est en étant déprimé plusieurs semaines que l’on risque de devenir dépressif et la dépression c’est une maladie qui cède difficilement sans aide extérieure

Ce sont des symptômes que   4 millions de Français – c’est l’estimation de ces dépressions saisonnières - vont reconnaître : Une envie de dormir constante. Tristes, fatigués, ils prennent du poids, guidés par une envie impérieuse de sucre et préfèrent l’isolement à  leurs activités habituelles ; Difficile de se concentrer, y compris chez certains  enfants dont les   résultats scolaires sont en baisse. Si on groupe le tout et avec une intensité importante, on passe de la sensation de mal-être à une vraie dépression. Et comme c’est une maladie dont il faut se méfier et surtout ne pas laisser s’installer, il faut de temps en temps écouter son corps pour réagir.

Réagir sans médicaments

Réagir ne veut pas dire prendre des médicaments comme avec les pingouins chez qui on ne sait pas encore très bien faire de la psychothérapie efficace. Mais en revanche les pingouins nous donnent une autre leçon. Leur mauvaise réaction est de se grouper au chaud en attendant que cela s’améliore.  Cela ressemble, chez l’homme, aux heures de canapés devant la télévision.  On  connaît le traitement : braver les intempéries.  Pour lutter contre le manque de soleil, on a la luminothérapie, mais la pluie a le même effet parce qu’elle maintient les gens peu motivés dans le confinement qui est un des facteurs de déclanchement majeur d’un état dépressif. Il n’y a donc aucune honte à en parler à son médecin. Il aura tendance à ne vous parlera que du manque de lumière… Racontez-lui les pingouins et allez vous promener, même s’il tombe des cordes ! On a beaucoup à apprendre du monde animal