Notre capital « neurones » ne cesse de diminuer au fur et à mesure que nous vieillissons. Cette perte de matière grise s'accélère d'autant plus lorsque des pathologies dégénératives comme la maladie d’Alzheimer surviennent. …On a longtemps pensé que cette situation était inéluctable.
Pourtant, des chercheurs de l’Inserm et du CEA viennent de démontrer qu’il est possible de produire de nouveaux neurones en toutes circonstances. Certes ces résultats portent sur la souris, mais cette découverte encourageante pourrait également permettre à des malades ayant subi une radiothérapie au niveau de la tête, de limiter les lésions cérébrales et les pertes de certaines facultés cognitives, provoquées par ce traitement.
Première découverte, ni le vieillissement, ni les fortes doses d’irradiation ne font disparaître totalement les cellules responsables de la production de nouveaux neurones. C’est d'ailleurs en tentant d’identifier les facteurs responsables de l’altération de la neurogénèse, qu’ils ont mis en évidence la présence de cellules souches, cachées dans une petite « niche » du cerveau. Elles sont capables de se mettre à fabriquer de nouveaux neurones.
Ecoutez François Boussin, directeur de recherche Inserm/CEA : « On s’est aperçu que dans ces zones, il n’y avait plus de production de neurones, mais qu’il semblait rester des cellules souches vivantes, mais au repos ».
Que ce soit sur les souris qui avaient été irradiées, comme sur celles vieillissantes, ces chercheurs se sont rendus compte que la présence à des niveaux élevés de cette substanceTGFβ, mettait ces cellules souches en sommeil. Ils ont donc mis au point un système permettant de bloquer pharmacologiquement l’effet de la molécule TGFβ.Grâce à ce procédé, l'équipe est parvenue à remettre la machine en route : les cellules souches ont recommencé à fabriquer de nouveaux neurones.
Ecoutez François Boussin : « En bloquant l’action du TGFβ, ca a permis de voir la production de nouveaux neurones. C’est une 1ère étape encourageante, il va falloir maintenant voir la fonctionnalité de ces nouveaux neurones. »
Ces résultats permettent de rendre moins virtuelle l’idée qu’un jour on parviendra à améliorer la production de neurones chez les personnes âgées présentant un déclin cognitif. Pour le moment, les essais sur les souris se poursuivent.
Mais les chercheurs espèrent surtout confirmer dans les prochains mois que les neurones « tout neufs» de ces souris permettent bel et bien de restaurer certaines facultés cognitives perdues. Par exemple, les rongeurs exposés à des radiations présentent une baisse de la neurogénèse, accompagnée d’une perturbation de leur mémoire olfactive. Reste à savoir désormais, si en retrouvant toute leur tête, ces souris retrouveront également leur « nez ».